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19/03/2012

Premier prix du concours

Les Deux Chats

 

 

Personnages

 

Castor : chaton râleur

Pollux : chaton désobéissant

 

Deux petits chats, Castor et Pollux, se tiennent debout sur leurs pattes arrière, regardant par une fenêtre.

 

Castor : Bon qu’est-ce qu’il fabrique ?

Cela fait un quart d’heure qu’on l’attend et il n’est toujours pas là.

 

Pollux : Hou là là, j’ai tellement faim que j’ai l’estomac qui fait des huit.

J’espère qu’il ne nous a pas oubliés.  

Il a bien dit qu’il rentrerait tôt pour nous donner à manger.

 

Castor  : Non, n’aie pas peur, il m’a assuré qu’il sera à l’arrêt du  car dès 11 h et le car passe à 11 h 15.

 

Pollux : Bof ! Tu sais avec les transports !

Là bas, c’est quoi ?

 

Castor : Non, c’est pas lui, c’est le commis du fermier

 

Pollux  : Et puis là, je fais des pointes tellement la fenêtre est haute que je commence à avoir des crampes dans les pattes. Il exagère !

 

Castor : Il a dû partir chez la Pauline au village. Il a un sérieux penchant pour elle.

Hi !hi ! Tu te souviens quand il est parti la semaine dernière sur la route avec son bouquet de fleurs sauvages ; c’est plus naturel que des fleurs du marchand, qu’il nous a dit.

Il était tellement saoul qu’il a faillit louper son car.

 

Pollux : Ouais, mais le car, lui, ne l’a pas loupé, il l’a heurté et le pauvre a valdingué dans le fossé parmi les grenouilles et les orties. Quand il est revenu tout penaud à la ferme, il marchait encore plus de travers que quand il était parti.

 

Castor. Comment le sais tu ? T’as pas le droit de dépasser le portail. Je trouve que tu prends trop de liberté, c’est dangereux.

Maman nous l’a assez dit.

 

Pollux : O.K. Monsieur le moralisateur. D’ailleurs, c’est maman qui me l’a raconté. Elle riait tellement qu’elle a failli avaler son lait de travers. Tu parles, dès le matin il tenait à peine sur ses jambes, tellement il s’était enfilé de canettes de bières. C’est paraît-il pour se donner du courage. Pauline, c’est sûr, il l’aime bien, mais elle lui fait un peu peur.

 

Castor : T’aurais pas peur d’une femelle qui te dépasse de deux têtes toi ? Elle a, paraît-il, un très  mauvais caractère et pourrait le croquer sans état d’âme.

 

Pollux  : Ben il a intérêt à avoir du courage, car il songe à la demander en mariage.

 

Castor : Regarde ! C’est pas lui là-bas qui approche ?

 

Pollux  : Non, je ne pense pas. Ce matin, il ne portait pas de jean ni de pull mais son hideux costume à carreaux.

Non ! Je rêve ! Tu as raison, c’est bien lui. Ma parole, la Pauline l’a bien changé.

Quand ce matin il est parti, je me suis dit qu’il pourrait tout de même s’habiller autrement pour rencontrer sa copine.

Il ressemblait au bonhomme en carton pâte qui gît dans la décharge.

 

Castor  : Oh ! Pollux, je ne vais pas le confier à maman, mais tu sais que tu n’as pas le droit de sortir hors des murs de la ferme.

 

Pollux  : Allons, allons ! Tu ne vas pas en faire toute une histoire, c’est juste à côté et parfois j’aime bien découvrir le monde.

(Criant en direction de l’homme qui s’avance) : Vas y ! Te dépêche pas.

On peut pas dire qu’il court. On a faim nous, mais il s’en fiche.

 

Castor : Et en plus, il sifflote.

 

Pollux  : A mon avis, la Pauline va s’en occuper de notre Maître. Elle commence déjà à améliorer l’extérieur et ensuite elle le peaufinera au niveau de l’intérieur.

 

Castor :Bof ! Cela m’est égal du moment qu’il nous apporte nos croquettes préférées.

 

Fin





Ce texte, était signé André Charier. Mais une surprise nous attendait. En réponse, nous avons reçu de j.perrot407 le mail suivant :

 

Nous sommes très heureux mon amie Juliette et moi, André, d'avoir participé à ce
concours. Concours qui fut couronné par deux prix. Je suis ravi.
Je vous communique donc mon adresse :

Mademoiselle Wanda BREWINSKI



Rien ne stipulant, dans le réglement du concours, une impossibilité d'écrire deux textes, nous avons accepté et nous vous invitons à applaudir le talent de Wanda.

 

 

 

18/03/2012

Troisième prix du concours

Miroir, joli miroir

 

 Personnages


La FÉe, un peu sorcière aussi.

Le Miroir, magique naturellement.

 

La Fée pénètre sur scène en courant, complètement essoufflée.

 

La FÉe - Hou là ! là ! J’ai eu chaud !

J’ai failli me faire transpercer par l’épée du Prince qui est venu secourir la Belle au Bois Dormant. Quel imbécile ! Il est tellement obnubilé par la soi-disant beauté de cette merdeuse qu’il ne s’est même pas aperçu de ma splendeur. En tout cas, je l’ai endormie pendant une bonne centaine d’années celle-là, j’en suis débarrassée pour un moment.

 

Elle s’assoit lourdement devant son miroir et pousse un cri horrible !

 

La FÉe – Arrgh ! Désignant le miroir d’un doigt où pointe un ongle interminable

C’est quoi ça ?

 

Le Miroir – C’est toi ! Qui veux-tu que ce soit, il n’y a personne d’autre dans la pièce.

 

La FÉe – Ce n’est pas possible. Ce matin j’avais un reflet autrement plus intéressant, je me trouvais belle à faire pâlir le soleil. Mais que t’arrive-t-il ?

 

Le Miroir – A moi, rien. J’ai décidé de faire dans le naturel, le bio quoi, c’est la grande mode. C’est toi qui devrais te poser des questions. Telle que tu te vois, tu es exactement ce que tu es. Ton âme est noire, je n’y peux rien.

 

La fée brandit une baguette noire qui se trouve à côté du miroir.

 

La FÉe – Je vais te casser en mille morceaux si tu ne changes pas d’attitude envers moi. Je suis belle et tu me l’as assez répété. D’ailleurs j’ai du travail, je dois bientôt m’occuper de Blanche-Neige et n’ai pas de temps à perdre.

 

Le Miroir – Tu as oublié que je suis incassable. Souviens-toi, à cause de ton mauvais caractère, tu as été obligée de t’acheter un miroir qui peut subir tes crises de démence sans faillir. D’ailleurs, la facture commençait à devenir salée en matière de miroirs.

Il y a une autre facture que tu n’as pas encore payée, les années de malheur que tu t’es octroyées en cassant des milliers de miroirs.

Voyons : 7 ans de malheur multiplié par …

 

La FÉe – Ca suffit ! Je ne t’ai pas demandé de me révéler mon âge mais simplement de me restituer mon image.

 

Le Miroir - C’est ce que je fais actuellement. Si tu voulais te mirer dans une eau pure qui t’aurait renvoyé une image parfaite, tu aurais dû choisir le modèle au-dessus avec logiciel PHOTOSHOP intégré.

 

La FÉe – Il est trop cher. (Elle souffle), je manque un peu de moyens en ce moment.

 

Le Miroir – Que veux tu, la beauté ça se paie et avec toi toutes tes économies y passeraient.

 

La FÉe se radoucissant – Allons ! Sois gentil, fait un effort, renvoie-moi l’image de mes vingt ans. Bon ! N’exagérons rien, allez trente et cela ira.

D’ailleurs, je vais te confier un secret. Dans quelques heures, je vais chez les nains. Il faut que je règle le problème Blanche-Neige. Je dois reconquérir le cœur de son père, le roi. Dès que ce problème sera terminé, je m’occuperai de ton transport. Tu trôneras dans la chambre nuptiale au cœur d’un palais féerique. Alors, qu’en penses-tu ?

 

Le Miroir – Je réfléchis !

 

La FÉe – Je te demande de ne pas réfléchir mais de me renvoyer un reflet digne de ma beauté. Ton penchant pour le bio m’énerve au plus haut point. N’oublie pas que tu es à mon service, tu dois m’obéir !

 

Le Miroir - Aujourd’hui je suis dans le bon sens de l’histoire. Tu as certainement oublié la phrase « miroir, mon beau miroir, qui de nous deux est la plus belle ? ». Et je dois te répondre, « tu n’es pas mal pour une vieille, mais Blanche-Neige est plus belle que toi. »

 

La FÉe – tu vois, tu as prononcé le mot « belle » donc renvois moi mon image, la vraie.

 

Le Miroir – C’est ce que je fais depuis tout à l’heure, car j’ai décidé de ne plus mentir, de refléter toute la vérité, rien que la vérité. Je suis un miroir honnête, je dirai même scrupuleux et ne veux plus maquiller la vérité, enfin TA vérité qui est bien sûr, travestie.

Tu es moche et je n’y peux rien. Il est inutile de te voiler la face. Ce que tu vois est le reflet de ton âme. Et encore, je filtre.

Si tout à l’heure tu dois aller rencontrer Blanche-Neige, donc ton apparence  est en adéquation avec ce que tu représentes, une vieille femme moche et méchante.

 

La Fée se lève furieuse et sort de la scène

 

Le Miroir criant : N’oublie pas tes pommes !


Ce texte signé Juliette Perrot, envoyé par mail, et présenté anonymement au jury, se révéla avoir été écrit, sous pseudonyme, par Wanda Brewinski.


Bravo Wanda !

Pour ton texte et ta supercherie....

Prix Thélième

 

 Cette année, le prix "théâtre et Mémoire" a été attribué au texte suivant :

 

 Le Bal des Veuves

 

Personnages

 

Lady Skalie : conteuse

Brigadier Lambert : gardien du bagne

Laura Esse : femme de bagnard

 

Une femme distinguée, debout, devant un pupitre :

 

Lady Skalie  - Bonsoir cher public, je me présente : Lady  SKALIE...

 

L'île de Ré, mon amie, m'a demandé de vous présenter une période assez peu connue de son histoire : un épisode peu reluisant, relatif au bagne, alors que celui-ci était bien présent jusqu'à la seconde guerre mondiale, à Saint Martin de Ré.

Vous vous attendiez, je suppose, à ce que l'île me demande de parler de son histoire glorieuse arrêtée sous le règne des deux Louis (Louis XIII, Louis XIV)...  De ces ruelles où pétaient les mousquets et traînaient les rapières sur les pavés du Québec pendant que les précieuses faisaient recette à Paris, et de ces maisons de poupées dont il reste le parfum des siècles passés.

Mais revenons au sujet qui nous réunit ce soir.

La veille du départ des bagnards pour la Guyane, aussi bizarre et inconvenant que cela puisse paraître, une réunion (un bal), était organisé au Marché Couvert de Saint Martin entre les geôliers et les officiers accompagnant les prisonniers et les femmes ou compagnes de ceux-ci.

La gente féminine demandait un geste de sollicitude,... des faveurs... pour leur bagnard de conjoint pendant la traversée et pour la suite, sachant malheureusement qu'elles avaient une chance infime de les revoir un jour...

Dans les camps de Guyane, - ce rocher promis à l'enfer, - la durée de vie moyenne dépassait rarement cinq ans, d'où l'appellation perfide de ce… charivari multicolore... le «Bal des Veuves»,

En échange de ces faveurs, les gardes-chiourmes, eux, demandaient aussi d'autres faveurs, et non des moindres... Après la danse, d'autres danses...

J'ai pu surprendre une scène typique de cette mascarade et l'Ile de Ré m'a demandé de vous la confier ce soir, afin de libérer son âme.

Je vous présente les personnages : Laura Esse, épouse de Marcel, arrêté pour menus larcins et divers cambriolages avec récidive. Elle est venue de Paris assister au départ de son mari pour le bagne de Saint Laurent du Maroni et est présente au bal, et Brigadier Lambert : Maton sans scrupules bien décidé à profiter de la situation sachant que la femme est jeune, jolie et désespérée

La scène se passe au cours de l'été 1931.

 

Brigadier Lambert  Il s'approche de Laura, la salue rapidement - Mon supérieur m'a confié le transport pour la Guyane... du dénommé Marcel, (matricule 451),... pour y purger sa peine.

 

Laura Esse  - Monsieur le Brigadier,... je me nomme Laura ESSE, et je viens vous demander d'être compatissant avec mon mari... pendant le temps où vous en aurez la charge...  Il a malheureusement le penchant naturel d'avoir un caractère coléreux mais... il n'a tué personne!...

Je vous demande la faveur d'adoucir sa vie pendant le voyage et surtout là-bas, au bagne. Je vous en serais reconnaissante... ainsi que notre Petit-Paul, qui approche des cinq ans... Voici toutes mes économies dans cette bourse et....

 

Brigadier Lambert  l'interrompant en empochant la bourse - Hum!... C'est bien joli tout ça!... Mais j'y songe...c'est pas suffisant...  Je vois la chose autrement;... Buvons quelques verres,... faisons quelques pas de danse... et puis... la nuit est longue... Nous pourrons faire plus ample connaissance...

 

LAURA - Monsieur!... vous ne pouvez pas me demander ce sacrifice... Pensez à mon enfant... je n'ai personne à qui le confier...et à Marcel, dans sa froide cellule...

 

Brigadier Lambert  C'est à prendre ou à laisser, ma p'tite dame... J'ai tout pouvoir sur lui, pensez-y bien!... et donc,... tout pouvoir sur vous.

 

Laura Esse  - C'est odieux!... On m'avait parlé de cet abominable arrangement... S'il n'y a pas d'autres solutions,... après le bal, d'autres danses... mais je l'aime tellement... En lui procurant une vie plus douce,... mon sacrifice ne sera pas inutile... et puis, il me restera Paul,... mon enfant,... notre enfant...

 

Brigadier Lambert  - Soit, une nuit ensemble et après,... chacun repart chez soi,... silence et bouche cousue. Une dernière chose,... il faut me promettre cette nuit de m'aimer comme lui,... avec les mêmes mots d'amour, les mêmes élans et....

 

Laura Esse l'interrompant - Ah non Monsieur!... c'en est trop!...  C'est lui que j'aime, et que lui!... Déjà le tromper me répugne!... Vous aurez mon corps, mais pas mon âme...

 

Brigadier Lambert jovial - Après tout ce temps d'absence,... Ah la belle preuve d'amour!... Regarde! (Il enlève sa moustache, son képi, sa veste et met un canotier)... c'est moi, Marcel,... J'ai souvent rêvé de me faire la belle!...

Dans la citadelle, à l'aide d'un maton complice,... j'ai échangé les vêtements du Brigadier avec les miens... après l'avoir drogué.

C'est lui, qui dort profondément,... ce soir,... dans ma cellule!... Quel tintamarre... demain matin... quand ils vont vouloir l'emmener au bateau cage «La Martinière»...

 

LAURA émerveillée - C'est bien toi, ça!... Chassez le naturel, il revient au galop,... encore une de tes carambouilles... mais ce coup-ci,... c'est pour la bonne cause... Rejoignons vite Paris,... tu vas voir notre enfant, comme il te ressemble... et puis nous disparaîtrons...  Les gens heureux n'ont pas d'histoire... Mais avant,... faisons un tour de valse, au nom de

«La Veuve Joyeuse» et de son Maton-Matou....

 

 

(Quelques pas de la fameuse valse, les lumières baissent...)

 

                                              FIN


 (Ile de Ré Janvier 2012)


Bravo à Jean-Pierre Berger pour sa documentation et son imaginatiion.