16/02/2014
« Oiseaux, merveilleux oiseaux »
« Oiseaux, merveilleux oiseaux »
Enfin un peu de soleil, et moins de vent.
Sur l’île, ceux qui semblent avoir le plus souffert des ces tempêtes incessantes, sont les oiseaux. Plus de 400 macareux moines ont péri. Des guillemots, des fous de bassan, des fulmars boréaux sont morts de fatigue et de faim car ils ne parvenaient pas à se nourrir dans la houle et les bourrasques.
Et pour intensifier leur effroi des navires en ont profité pour dégazer puisqu’on a retrouvé des cadavres d’oiseaux mazoutés.
Quand l’homme accroît la fureur des éléments, peut-on encore parler de progrès ?
Que restera-t-il de ceux que les Anciens considéraient comme des dieux ? Quelques fantômes déplumés ?
« Oiseaux, merveilleux oiseaux » écrivait Hubert Reeves[1]. Il voyait en eux « un des plus émouvants témoignages de la prodigieuse richesse de notre univers. », et les artisans du dialogue entre le ciel et la terre.
Et vous ?
14:13 Publié dans Blog, Culture, Littérature, Loisirs, Science | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thélième, île de ré, nature
11/01/2014
"Rien n'arrête l'homme en marche"
La dune a reculé, le calcaire s'écroule.
"Il faut très peu de temps aux flots de la mer pour dégrader une côte; un siècle ou deux suffisent, quelquefois moins de cinquante ans, quelquefois un coup d'équinoxe. Il y a la destruction continue et la destruction brusque."
écrivait V. Hugo en juillet 1855
Mais c'est beaucoup plus tard, dans la dernière livraison de La légende des Siècles (1883) qu'on trouve ce dialogue :
Que dit l' Océan ?
Etna n'est pas un esclave.
Ni moi non plus.
J'ai pour reine et pour captive
La sombre terre attentive
À mon reflux.
Je ne suis pas fait pour être,
Comme le sentier champêtre,
Plein de vivants ;
Je suis l'Onde en sa tanière,
Que prennent à la crinière
Les quatre vents !
Je suis le noir gouffre inculte ;
Je donne, en mon fier tumulte,
Où rien ne ment,
Pour maître aux flots sourds l'air libre,
Et pour base à l'équilibre
Le tremblement.
Rien n'arrête et ne dirige
Mon formidable quadrige,
Que les typhons
Traînent, et qui, de la Perse
Jusqu'aux Hébrides, disperse
Ses bruits profonds.
Je suis la vaste mêlée,
Reptile, étant l'onde, ailée,
Étant le vent ;
Force et fuite, haine et vie,
Houle immense, poursuivie
Et poursuivant.
Je suis, dans l'ombre étoilée,
La figure échevelée
De l'inconnu ;
Ma vague, qu'Éole augmente,
Est, quand il lui plaît, charmante
Comme un sein nu.
Je ne suis pas votre auberge,
Je suis la tempête vierge
Qui peut briser
Caps et rochers comme verre,
À qui parfois le tonnerre
Prend un baiser.
Je m'appelle solitude,
Je m'appelle inquiétude,
Et mon roulis
Couvre à jamais des navires,
Des voix, des chansons, des rires,
Ensevelis.
Je suis funeste et salubre.
Je suis le fileur lugubre
Des noirs vallons
Que l'orage sans fin mouille,
Et qui file à sa quenouille
Les aquilons.
Je suis, dans l'écume en poudre,
Le combattant de la foudre,
L'hydre titan.
Je suis sans forme et sans nombre.
Venez, les vents, l'horreur, l'ombre.
Homme, va-t'en.
Je suis souffle, éclair et lame.
Je prends volontiers leur âme
Aux curieux.
Je suis le triple Cerbère
Dont le regard réverbère
Dieu furieux.
J'ai plus de nuit que la tombe.
Léviathan dans ma trombe
N'est plus qu'un ver ;
Tout tremble sur mon épaule.
Je lie au poteau du pôle
Le spectre hiver.
Homme, la terre est ta mère.
Cherche ton bien éphémère
Dans ses douleurs ;
Broie, arrache, brûle, embrasse.
Perce des chemins. Écrase
Ce tas de fleurs !
La plaine, quand on la ferre,
Obéit, et laisse faire
L'homme ennemi.
La terre est une imbécile ;
Et la montagne est docile
À la fourmi.
Les Alpes sont des géantes
Terribles, fauves, béantes,
L'orage au cou ;
L'homme rit des monts féroces,
Et, taupe, sous les colosses,
Il fait son trou.
Moi, je ne suis pas la rue.
J'ai pour roue et pour charrue
Le tourbillon ;
Je bondis, c'est ma manière ;
Je n'accepte pas l'ornière
Ni le sillon.
J'écume à flots sur ma grève,
Va-t'en. Ne viens pas, fils d'Ève,
Frêle rival,
Sauter sur mon dos farouche
Et mettre un mors à la bouche
De mon cheval.
Ma plaine est la grande plaine ;
Mon souffle est la grande haleine
Je suis terreur ;
J'ai tous les vents de la terre
Pour passants et le mystère
Pour laboureur.
Le météore en ma houle
Tombe, la nuée y croule
En rugissant ;
L'écueil, écumant monarque,
À qui je donne la barque,
Me rend le sang ;
L'aurore avec épouvante
Regarde mon eau vivante,
Mes rocs ouverts,
Mes colères, mes batailles,
Et les glissements d'écailles
Sous mes flots verts.
(...)
Et l'homme répond :
Et l'homme dit : — Mer affreuse,
Que le char des foudres creuse
Sous son essieu,
Tais-toi dans ton ossuaire.
Tu cherches ton belluaire ?
Gouffre, c'est Dieu !
Écoute-moi. La loi change.
Je vois poindre aux cieux l'archange !
L'esprit du ciel
M'a crié sur la montagne :
« Tout enfer s'éteint ; nul bagne
N'est éternel. »
Je ne hais plus, mer profonde.
J'aime. J'enseigne, je fonde.
Laisse passer.
Satan meurt, un autre empire
Naît, et la morsure expire
Dans un baiser.
Tu ne dois plus dire : arrière !
Tu n'es plus une barrière,
Dragon marin.
Sers l'avenir ! porte l'arche.
Rien n'arrête l'homme en marche
Vers Dieu serein.
Rien ! pas même toi, chimère,
Monstre de l'écume amère,
Géant puni,
Toi qui, seul dans ta nuit sombre,
As fait ton onde avec l'ombre
De l'infini !
Je vais ! je suis le prophète.
À la houle stupéfaite
Je dis mon nom.
La trombe accourt ; ma pensée
Fait rentrer cette insensée
Au cabanon.
L'esprit de l'homme, lumière,
Domptant la nature entière,
Onde ou volcan,
Plonge sa clarté sacrée
Dans la prunelle effarée
De l'ouragan.
Pour qu'à nos pas on se range,
Nous n'avons qu'à dire à l'ange
Comme aux démons,
Qu'à dire aux torrents de soufre,
Et qu'à te dire à toi, gouffre :
Nous nous aimons !
L'amour, c'est la loi suprême.
L'amour te vaincra toi-même.
Ton bruit est vain.
Pour que, caressant ta grève,
Ton hymne d'enfer s'achève
En chant divin,
Pour que ton hurlement tombe
Il suffit que la colombe
Qui vient le soir,
Ô sombre gouffre d'écume,
Laisse tomber une plume
Sur ton flot noir.
L'amour, c'est le fond de l'homme.
L'amour, c'est l'antique pomme
Qu'Ève cueillit.
L'ombre passe, l'amour reste.
Il est astre au dais céleste,
Perle en ton lit.
Nos inventions nouvelles
Prendront à tes vents des ailes ;
Dieu nous sourit ;
Nous monterons sur ta rage,
Nous attellerons l'orage
À notre esprit.
Oui, malgré tes chocs sauvages,
Nous lierons tes deux rivages
D'un trait de feu ;
L'avenir aura deux Romes,
Et, près de celle des hommes,
Celle de Dieu.
L'avenir aura deux temples,
Deux lumières, deux exemples,
Un double hymen,
La liberté, force et verbe,
L'unité, portant la gerbe
Du genre humain.
Tais-toi, mer ! Les cœurs s'appellent ;
Les fils de Caïn se mêlent
Aux fils d'Abel ;
L'homme, que Dieu mène et juge,
Bâtira sur toi, déluge,
Une Babel.
À cette Babel morale
Aboutira la spirale
Des deux Sions,
Où sans cesse recommence
Le fourmillement immense
Des nations ;
Et tu verras sans colère,
Du tropique au flot polaire
Dieu te calmant,
Au-dessus de l'eau sonore,
Se construire dans l'aurore
Superbement
Les progrès et les idées,
Pont de cent mille coudées
Que rien ne rompt,
Et sur tes sombres marées
Ces arches démesurées
Resplendiront."
Il faut espérer maintenant que les grands travaux pour "enrocher "la dune soient finis avant la grande marée du 31 janvier.
10:26 Publié dans Blog, Culture, Littérature, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : île de ré, thélième, océan, hugo
08/09/2013
Place d'Antioche
Le thème choisi pour cette soirée nous avait été donné par l'exposition de Luce Clavel-Davignon : "Fluidités" et son antithèse "ancrage", avec comme corollaire ; "places de village", car chacun sait combien, dans nos civilisations les humains sont attachés à leur place.
Lieu de rencontre, de débats, lieu ouvert où on donne ses rendez-vous, où chacun peut rencontrer l'autre, la place du village, et à Sainte-Marie, la place d'Antioche, où avait lieu "l'apéritextes" nous a rassemblés pour ces lectures.
Nous avons eu la joie de retrouver le talentueux Michel Pilorgé, qui déjà en septembre 2012, avait contribué au succès de la lecture des Misérables. Cette année, Jean-Christophe Chavanon, chanteur poète, qui tout l'été s'est produit place des Tilleuls, s'était joint à notre groupe pour un rôle de composition qu'il endossa admirablement; avec Jean-Lou de Tapia qui abandonna son rôle de cabaret pour incarner avec sérieux, l'ami Tonin qui nous donna tant d'émotion.
Question pour tous : qui joue le jeune homme fier et autoritaire qui leur donne la réplique ? Et pourquoi porte-t-il un si beau chapeau ?
Quel bonheur d'être épaulés par des professionnels, et quelle joie pour nous, amateurs, de pouvoir ainsi partager et faire partager la joie que nous donne les textes que nous aimons !
Grâce au dispositif imaginé par Jean-Lou, l'acoustique de la salle se faisait plus souple, et nos spectateurs ne perdirent pas un mot de ce que nous leur avons proposé.
Ce n'était qu'une lecture, mais nous avons d'autres projets...
Et bien entendu, on tâchera de faire mieux la prochaine fois...
Surtout que, le public, à Sainte-Marie-de-Ré, était très bon, ce samedi 7 septembre !
Les photos sont de Luce Clavel-Davignon, présidente de Blancheur de Ré.
21:27 Publié dans Blog, Culture, exposition, Littérature, Livre, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, thélième, exposition, poésie, sainte-marie-de-ré