17/03/2011
La nouvelle odyssée du Nautilus
Ce matin, texte N°3
La nouvelle odyssée du Nautilus
personnages
Némo : capitaine du Nautilus fin XIXe
Giraudiot : Enseigne de vaisseau, XXIe
Sur scène: 2 fauteuils anciens ou chaises, un orgue ancien ou un synthétiseur, décor rococo
La scène se passe dans le salon du Nautilus du capitaine Némo. L'équipage vient de sauver un naufragé, vraisemblablement un gradé, qui survivait dans un bien étrange canot de sauvetage, modèle inconnu des marins d'alors. Le capitaine Némo, qui jouait de l'orgue, se lève pour saluer le nouvel arrivant.
Nemo se lève majestueux et regarde le marin avec hauteur
Némo - Je vous souhaite la bienvenue à bord, Monsieur... à qui ai-je l'honneur?...
Giraudiot - Enseigne de vaisseau, Giraudiot... Nous étions en tournée d'inspection dans l'océan pacifique,...à bord du navire-école de la Marine Nationale le Mireille D'arc,... cette corvette remplace, depuis deux ans, la frégate Jeanne d'Arc, (la Jeanne) devenue obsolète,... quand nous fûmes coulés par un missile... nucléaire... très certainement.
Némo - Missile nucléaire?... Diable!... Qu'est-ce donc?... D'habitude, c'est moi qui coule les navires en temps de paix... et de ma propre volonté... Dites- moi... que se passe t-il donc dans le monde civilisé, nous naviguons la plupart du temps,... loin des continents et du monde...
Giraudiot - Vos gens,... votre vaisseau sous-marin,... vous-même,... me font vous demander:... où suis-je et qui êtes-vous ?
Némo - répond avec fierté: Vous êtes à bord du Nautilus,... le seul sous-marin existant au monde, propulsé par l'électricité, et... vous avez devant vous, son créateur,... son capitaine,... son mentor...
Giraudiot - Et nous serions au XIXe siècle!... alors, l'explosion du missile a dû fractionner le temps... je suis né en 2003,... au XXIe siècle... au troisième millénaire....
Némo - Permettez jeune homme, que je m'assoie... (Il s'assoit au piano) Vous venez du futur!!!... Quelques notes de musique nous calmerons tous deux... (Une minute de musique, genre voix Dracula) (Puis Nemo, orgueilleux et coléreux) Moi, capitaine Nemo,... je suis le plus moderne des scientifiques. Ma conception d'un monde nouveau... sous marin... va changer la face du monde,... dès que je l'aurais dominé,... mis à ma botte...
Giraudiot - D'autres s'y sont essayé bien avant vous:... Charlemagne,.. Gengis Khan,... Marc-Antoine,... Napoléon,... et,... bien que vous ne l'ayez pas encore vécu:... Hitler,... les Russes,...les Américains, la bombe atomique est possédée dans le monde entier,... et peut nous détruire... à tout jamais,... à tout instant...
Némo - Ce monde a donc bien changé en deux siècles!... Jeune homme, vous qui connaissez ce monde que j'ai du mal à percevoir:... ce monde de l'an 2000... vit-il sous la mer,... de plancton,... de poissons, dont la manne est inépuisable,... des ressources du minerai provenant du fond des océans...?...
Giraudiot - Je suis atterré d'avoir à vous répondre... que tous vos rêves... en sont encore à leurs balbutiements... Dans les années 1950,... le commandant Cousteau a bien essayé d'alerter le monde... Plus récemment, Nicolas Hulot,... Arthus Bertrand,... mais...il y a les asiatiques avec leur soif de conquête du monde... On est bien loin de Jacques Dutronc et... de ses 500 millions de Chinois!!!...
Némo (Soupirant) - Ah!... le péril jaune, on commence à en parler dans mon monde actuel,... enfin, je veux dire... celui d'hier.... Vous qui avez l'avenir devant vous, et moi... avec ma technologie de dinosaure... que pouvons-nous y faire?...
Giraudiot - (réfléchissant intensément) Ma foi,... je ne sais pas trop... (puis exalté): Voyons... mettons nos efforts en commun... ressortons tous deux du fond des mers... faisons un «scoop»,... la une des journaux... Deux époques faisant leur Mea culpa... s'unissent pour créer un monde meilleur basé sur:... la compréhension,... l'amour du prochain, plus de guerres,... d'attentats,...de misère,... de la nourriture pour toute la planète,...la mer enfin sauvée...!!!
Némo - Rassurant et doctoral Oh! Calmez-vous! La fougue de la jeunesse, je la reconnais bien;... Oui,... ce sont bien les jeunes qui sauveront la planète!... Quoique!... Si je retournais voir mon créateur «Jules Verne»,... et lui demandais à l'aide de sa plume géniale de trouver une fin heureuse à notre histoire... un cri d'alarme en quelque sorte...
Giraudiot - Exalté, presque délirant Oui!... votre idée est encore meilleure que la mienne... Déposez-moi discrètement dans un port... Puis je pourrais raconter mon épopée et ranimerais la vôtre... et celle des océans... D'une part, vous, par le livre, Vingt Mille lieues sous les mers dont vous êtes le héros, qui a eu un retentissement universel et a montré au monde entier la marche à suivre pour la survie de l'homme, vous créerez une société Internationale de Sauvetage en mer (au lieu de couler les navires et leurs équipages),... puis en moissonnant à l'échelle mondiale, le fond des océans,... le plancton,... les algues,...offrent de tels espoirs.... Plus personne ne mourra de faim !... Ce sera une vraie trainée de poudre salvatrice du monde!...
D'autre part, Moi... En saisissant les chefs d'état des grandes puissances,... l'Unesco,... le Conseil des Nations Unies et... tous ceux qui sont dignes de la foi humaine... Ils comprendront notre démarche commune et parviendront à sauver notre «planète bleue»,... avant qu'il ne soit trop tard:... Notre action du XXIe siècle continuera celle de votre époque,... en y apportant la technologie du troisième millénaire...
Puis Giraudiot prend les mains de Nemo, très digne, et se tournant vers le public, il s'écrie : Cela pourrait commencer par un poëme, une chanson connue.... « Si toutes les filles et tous les gars du monde voulaient se donner la main, ils pourraient faire une ronde tout autour de la mer »... pour réseauter harmonieusement,... chacun complice avec l'autre,... accueillant cette cordée humaine sans jamais en perdre le fil,... chantant toutes et tous en un chœur céleste,... n'éprouvant pas le besoin d'agapes divines pour trouver l'ivresse de la fraternité universelle,... créatrice d'un monde nouveau et meilleur!!!...
Fin musicale : Némo se réinstalle devant son orgue, jouant cette fois-ci gaiement, des accords de Beethoven ou Bach (Que ma joie demeure)…
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Trekking
Toujours dans le désordre, maintenant, texte n°5
Trekking
Personnages :
Le (a) Touriste : homme ou femme en tenue de montagnard
La Yéti : une immortelle
La scène représente une grotte. En son centre une sorte de monticule sur lequel un grappin a planté une corde. La corde vibre, puis, on aperçoit une main, puis une autre, un bras, une jambe, enfin apparaît un (e) touriste en tenue de montagne. Épuisée, il (elle) se laisse tomber, examine la corde qu’elle a à sa ceinture, tire dessus, sans effort, la corde apparaît.
Touriste - Ça alors ! (Elle se relève, examine le bout de corde s’avance vers l’endroit d’où elle vient et appelle très fort) Oh ! ! Oh !
L’écho au lointain : oh ! oh !
Touriste - Vous êtes là ?
L’écho au lointain : ah ! ah !
(à mi voix) Ben merde alors ! Je suis le(la) seul(e) de ma cordée ! Mais qu’est-ce que je vais devenir ? (il (elle) pleure)
Le « monticule » bouge lentement. Une tête apparaît. Une femme s’extirpe de tout un amas de couvertures, elle se lève, lâche le grappin, enroule la corde autour, et arrive auprès du (de la) touriste, qui bondit en arrière, effrayé(e).
Touriste – Ah ! (Geste pour se protéger)
La femme – N’aie pas peur… Je suis très accueillante. Donne-moi la main… là ! Et ta corde. Faut jamais laisser perdre les outils.
La Touriste s’exécute.
La femme - Merci. (Elle l’embrasse). Tu es la première à pénétrer ici. Tu es française ? (La touriste muette fait oui de la tête) Vive la France !
Touriste – Vous parlez français ?
La femme – Oui, et l’anglais, le russe, l’allemand, le chinois, j’me débrouille en hindi, mais j’me mélange un peu avec le japonais, je baragouine le suédois, mais ce que je préfère c’est l’italien. Surtout pour le chant. J’adore chanter… D’ailleurs le poète l’a dit : « le chant est le secret de l’éternité ».
(Elle chante un air de la Traviata ?)
Touriste – Comme c’est beau !
La femme – Et encore, y’a pas les chœurs !
Touriste – Mais qui êtes-vous ?
La femme - À ton avis ?
Touriste – Une exploratrice abandonnée ?
La femme – J’en ai l’air ?
Touriste - Non…
La femme – Alors ?
Touriste – Euh ! J’m’excuse… Je ne vois pas.
La femme – Réfléchis ! T’es à 5760 m d’altitude, dans les Himalayas, y’a personne alentour, tu cherches un abri pour la nuit, et t’aperçois une grotte, tu lances ton grappin, et tu me trouves et tu n’as pas une petite idée ?
Touriste – Euh ! Je… Shiva ?
La femme - Shiva ! Mais shi va pas !
Touriste - Vous chantez si harmonieusement…
La femme – Shiva ne chante pas, elle gronde…Moi, je suis la grande Yéti !
Touriste – LA Yéti ! J’ai toujours entendu dire LE Yéti…
YÉti – Grossière erreur… Véhiculée par les hommes bien sûr. Ils voient le mâle partout.
Touriste – Mais je croyais que vous étiez un mythe !
YÉti – Touriste, va ! Ça veut voir le monde, et ça ne croit même pas ce que les vrais voyageurs ont raconté. D’où tu viens ?
Touriste – De la vallée. On nous a proposé un trekking, et…
YÉti – Mais avant la vallée.
Touriste – De Sainte-Marie.
YÉti - C‘est la mère de Jésus qui t’envoie ?
Tourste – Non ! Sainte-Marie, c’est le nom d’un village.
YÉti – Comme Katmandu ?
Touriste – C’est ça…Mais en plus petit quand même. Ah ! Quand je leur dirai là-bas…
YÉti – Ils ne te croiront pas… Ils voudront des preuves.
Touriste – Venez avec moi. C’est au bord de l’Océan, c’est un vrai paradis.
YÉti – Impossible ! Je ne sors d’ici que quand j’ai faim.
Touriste – Mais vous vivez de quoi ?
YÉti – Je mets des pièges pour le gibier, en été j’ai les baies dans la nature, et je trouve le reste, dans les sacs des voyageurs, les sherpas me les laissent.
Touriste – Vous voulez dire que tous ces sacs, soi-disant tombés dans les crevasses, sont pour vous ?… Les sherpas sont vos complices.
YÉti – Ce sont des amis. Mais toi, petit(e) français(e), qu’est-ce que tu apportes avec toi.
(Elle s’empare du sac et commence à énumérer ce qu’elle en sort) La couverture de survie, le quart pour faire fondre la neige, des fruits secs, des biscuits, du fromage fondu. Pas de quoi faire des agapes ! (Elle sort un i-phone).
Touriste – Ça ne se mange pas. C’est un téléphone sans fil. Il peut aussi faire des photos. (Il prend la Yéti en photo, et lui montre).
YÉti – C’est moi, ça ?
Touriste – Oui ! Super ! La voilà ma preuve…Je vais l’envoyer au monde entier. Bouge pas. On va réseauter !
Noir lent tandis que la Yéti regarde le (la) Touriste manipuler son appareil.
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16/03/2011
Paulette et la solidarité
Aujourd'hui, je vous donne le texte n° 1...
Paulette et la solidarité
Personnages :
Paulette : la cinquantaine, ne se laisse jamais abattre.
Ginette : plus âgée.
Paulette entre dans le bistrot un sourire sur les lèvres. Elle aperçoit Ginette déjà attablée devant un verre de vin blanc.
Paulette – Toi aussi Ginette, tu commences à prendre goût au petit blanc sec du patron.
Elle s’assoit et fait signe au garçon.
Ginette – Tu as l’air toute guillerette aujourd’hui.
Paulette – Ouais ! Je vais être seule pendant 3 semaines. J’vais en profiter pour repeindre la chambre de mon fils.
Ginette – Tu vas faire ça toute seule ?
Paulette – Ben oui ? J’ai pas Valérie Damidot sous la main. Mon fils a même choisi la couleur des murs.
Ginette – Ah oui ! Laquelle ?
Paulette – Jaune ! Mais un beau jaune soleil. Il en a marre de la couleur bleue. Faut plus lui en parler du bleu, ça lui rappelle trop de mauvais souvenirs. D’ailleurs, il n’est pas le seul.
Ginette – Je ne comprends pas, quel genre de souvenir ?
Paulette – Bien sûr, ça ne te dit rien à toi, quand je dis bleu ; toi et le foot …Je t’explique ; nos footballeurs ont joué en franc-tireur laissant leur esprit de groupe de côté. Ils n’ont pas été très accueillants avec leurs fans. D’ailleurs, comme me dit mon fils, ils ont manqué de solidarité. Ce mot a dû être rayé de leur vocabulaire, aux bleus.
Ginette – Il part où ton fils, pendant ces trois semaines ?
Paulette : Y part en Angleterre pour améliorer son anglais.
Ginette – Wouaouh ! À lui les petites anglaises ?
Paulette – Oh ! Attends ! Il n’a que 17 ans, il est encore mineur, alors pas de folie avec son corps. Mais, j’ai quand même mis dans sa valise des … tu vois ce que je veux dire.
Ginette hoche la tête avec un air entendu.
Ginette - Il va pouvoir leur apprendre notre belle langue française. Par contre, pour l’autre appétit, je ne sais pas si ça va fonctionner, vu ce que mangent les Anglais. Ce ne sera pas des agapes.
Paulette – Agathe ? Non il ne part pas avec Agathe, puisqu’il part tout seul.
Ginette - hausse les épaules et lève les yeux vers le plafond avec un léger soupir d’agacement. Je te parle d’A G A P E. Festin ! si tu préfères. D’ailleurs, je ne connais pas Agathe !
Paulette - Mais si, la petite rouquine qu’aime bien mon fils. Elle aussi d’ailleurs, elle aime bien mon fils. Ils sont très complices. J’la trouve marrante. Quand elle parle, elle zozote à cause de son cheveu sur la langue. Comme me dit mon fils, elle a de la chance car c’est pratique pour prononcer l’anglais, surtout les the.
Ginette – Cela va te coûter cher, l’Angleterre c’est pas donné.
Paulette - Non, c’est un échange solidaire entre la France et l’Angleterre. Comme mon fils est dans les trois premiers à l’école, il a donc droit à un séjour tous frais payés en Angleterre.Et pour que cet échange se fasse harmonieusement, je recevrai à la fin de cette année un petit anglais de Pullover.
Ginette – Pull Over ? ça se trouve où en Angleterre ? C’est quoi ? Un village.
Paulette – Non ? Il paraît que c’est un port. J’ te dirai sur une île, les villes sont toutes des ports.
Ginette – Pull Over ? T’es sûre du nom ?
Paulette – Ben… Oui, la ville où les Beatles ont chanté dans une cave.
Ginette – Aaaah ! LIVERPOOL ! Paulette ! Toi et la géographie !
Paulette – Bon ! J’en étais pas bien loin ! Ce sont les mots : l’hiver et pull qui m’ont un peu embrouillée. Je suis française !
Ginette - J’espère qu’il rencontrera des Anglais accueillants.
Paulette - Ne t’en fais pas, ce sont les parents du p’tit Anglais que je recevrai à Noël.
Ginette – Ah bon ! Il les connaît déjà ?
Paulette – Oui, grâce à Internet. Tu connais mon fils. Toujours à réseauter sur sa toile. Ça crée des liens, comme il dit. Son site s’appelle FESSEBOUC. Drôle de nom ! Pourquoi pas CULDECOCHON ? Il m’a montré la page de son copain où il y a plein de photos, et surtout celle de son grand-père entouré de tous ces anciens compagnons alpinistes en costume d’époque. Ils ont, paraît-il, grimpé tous ensemble attachés par une corde, la plus grande montagne du monde. D’ailleurs, c’était lui le premier de cordée.
Une grande amitié s’est installée entre ces deux gamins. Mon fils me dit qu’il va enfin voir ce grand alpiniste pour de vrai, car son grand père est toujours vivant. C’est fou ce que tu peux rencontrer de célébrités grâce à Internet.
Mais parfois tout cela me fait peur. Tu te rends compte, s’ils leur prenaient l’idée de débarquer tous en chœur à la maison ? Ma petite maison n’a que trois pièces.
Ginette – Mais non ! Tout cela reste des rencontres virtuelles. (Un silence) T’as vu tous ces jeunes qui se lancent des invitations sur Internet et qui se retrouvent tous à boire un coup sur une place d’une ville quelconque ? Avec de tels agissements, c’est la mort du bistrotier… Surtout qu’ils débarquent tous avec leur bouteille.
Paulette – Ouais ! Avec Internet, ce serait même la mort du téléphone et bientôt la disparition du facteur. T’as plus besoin de passer ton coup de fil à tes amis pour les inviter, t’allumes ton ordi, tu cliques et c’est fait.
Paulette et Ginette - On n'arrête pas le progrès !
13:53 Publié dans Concours, Culture, Langue, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : théâtre, srmaine de la langue française, thélième