Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/03/2011

Trekking

Toujours dans le désordre, maintenant, texte n°5

Trekking

 

 

Personnages :

 

Le (a) Touriste : homme ou femme en tenue de montagnard

 

La Yéti : une immortelle

 

La scène représente une grotte. En son centre une sorte de monticule sur lequel un grappin a planté une corde. La corde vibre, puis, on aperçoit une main, puis une autre, un bras, une jambe, enfin apparaît un (e) touriste en tenue de montagne. Épuisée, il (elle) se laisse tomber, examine la corde qu’elle a à sa ceinture, tire dessus, sans effort, la corde apparaît.

 

Touriste - Ça alors ! (Elle se relève, examine le bout de corde s’avance vers l’endroit d’où elle vient et appelle très fort) Oh ! ! Oh !

 

L’écho au lointain : oh ! oh !

 Touriste - Vous êtes là ?

L’écho au lointain : ah ! ah !

(à mi voix) Ben merde alors ! Je suis le(la) seul(e) de ma cordée ! Mais qu’est-ce que je vais devenir ? (il (elle) pleure)

 

Le « monticule » bouge lentement. Une tête apparaît. Une femme s’extirpe de tout un amas de couvertures, elle se lève, lâche le grappin, enroule la corde autour, et arrive auprès du (de la) touriste, qui bondit en arrière, effrayé(e).

 

Touriste – Ah ! (Geste pour se protéger)

 La femme – N’aie pas peur… Je suis très accueillante. Donne-moi la mainlà ! Et ta corde. Faut jamais laisser perdre les outils. semaine de la langue française, théâtre, thélième

La Touriste s’exécute.

 La femme - Merci. (Elle l’embrasse). Tu es la première à pénétrer ici. Tu es française ? (La touriste muette fait oui de la tête) Vive la France !

 Touriste – Vous parlez français ?

 La femme – Oui, et l’anglais, le russe, l’allemand, le chinois, j’me débrouille en hindi, mais j’me mélange un peu avec le japonais, je baragouine le suédois, mais ce que je préfère c’est l’italien. Surtout pour le chant. J’adore chanter… D’ailleurs le poète l’a dit : « le chant est le secret de l’éternité ».

  (Elle chante un air de la Traviata ?)

 Touriste – Comme c’est beau !

 La femme – Et encore, y’a pas les chœurs !

 Touriste – Mais qui êtes-vous ? 

La femme - À ton avis ?

 Touriste – Une exploratrice abandonnée ? 

La femme – J’en ai l’air ?

 Touriste - Non…

 La femme – Alors ?

 Touriste – Euh ! J’m’excuse… Je ne vois pas.

 La femme – Réfléchis ! T’es à 5760 m d’altitude, dans les Himalayas, y’a personne alentour, tu cherches un abri pour la nuit, et t’aperçois une grotte, tu lances ton grappin, et tu me trouves et tu n’as pas une petite idée ?

 Touriste – Euh ! Je… Shiva ?

 La femme - Shiva ! Mais shi va pas !

 Touriste - Vous chantez si harmonieusement 

La femme – Shiva ne chante pas, elle gronde…Moi, je suis la grande Yéti !

 Touriste – LA Yéti ! J’ai toujours entendu dire LE Yéti…

 YÉti – Grossière erreur… Véhiculée par les hommes bien sûr. Ils voient le mâle partout.

 Touriste – Mais je croyais que vous étiez un mythe !

 YÉti – Touriste, va ! Ça veut voir le monde, et ça ne croit même pas ce que les vrais voyageurs ont raconté. D’où tu viens ?

 Touriste – De la vallée. On nous a proposé un trekking, et…

 YÉti – Mais avant la vallée.

 Touriste – De Sainte-Marie.

YÉti - C‘est la mère de Jésus qui t’envoie ?

 Tourste – Non ! Sainte-Marie, c’est le nom d’un village.

 YÉti – Comme Katmandu ?

 Touriste – C’est ça…Mais en plus petit quand même. Ah ! Quand je leur dirai là-bas…

 YÉti – Ils ne te croiront pas… Ils voudront des preuves.

 Touriste – Venez avec moi. C’est au bord de l’Océan, c’est un vrai paradis.

 YÉti – Impossible ! Je ne sors d’ici que quand j’ai faim.

 Touriste – Mais vous vivez de quoi ?

 YÉti – Je mets des pièges pour le gibier, en été j’ai les baies dans la nature, et je trouve le reste, dans les sacs des voyageurs, les sherpas me les laissent.

 Touriste – Vous voulez dire que tous ces sacs, soi-disant tombés dans les crevasses, sont pour vous ?… Les sherpas sont vos complices.

 YÉti – Ce sont des amis. Mais toi, petit(e) français(e), qu’est-ce que tu apportes avec toi.

(Elle s’empare du sac et commence à énumérer ce qu’elle en sort) La couverture de survie, le quart pour faire fondre la neige, des fruits secs, des biscuits, du fromage fondu. Pas de quoi faire des agapes ! (Elle sort un i-phone).

 Touriste – Ça ne se mange pas. C’est un téléphone sans fil. Il peut aussi faire des photos. (Il prend la Yéti en photo, et lui montre).

 YÉti – C’est moi, ça ?

 Touriste – Oui ! Super ! La voilà ma preuve…Je vais l’envoyer au monde entier. Bouge pas. On va réseauter !

 

Noir lent tandis que la Yéti regarde le (la) Touriste manipuler son appareil.

 

16/03/2011

Paulette et la solidarité

 

Aujourd'hui, je vous donne le texte n° 1...

 

Paulette et la solidarité

 

 

Personnages :

Paulette : la cinquantaine, ne se laisse jamais abattre.

Ginette : plus âgée.  

 

Paulette entre dans le bistrot un sourire sur les lèvres. Elle aperçoit Ginette déjà attablée devant un verre de vin blanc.

théâtre,srmaine de la langue française,thélièmePauletteToi aussi Ginette, tu commences à prendre goût au petit blanc sec du patron.

Elle s’assoit et fait signe au garçon.

 GinetteTu as l’air toute guillerette aujourd’hui.

 

PauletteOuais ! Je vais être seule pendant 3 semaines. J’vais en profiter pour repeindre la chambre de mon fils.

 

GinetteTu vas faire ça toute seule ?

 PauletteBen oui ? J’ai pas Valérie Damidot sous la main. Mon fils a même choisi la couleur des murs.

 

GinetteAh oui ! Laquelle ?

 

PauletteJaune ! Mais un beau  jaune soleil. Il en a marre de la couleur bleue. Faut plus lui en parler du bleu, ça lui rappelle trop de mauvais souvenirs. D’ailleurs, il n’est pas le seul.

 

GinetteJe ne comprends pas, quel genre de souvenir ?

 PauletteBien sûr, ça ne te dit rien à toi, quand je dis bleu ; toi et le foot …Je t’explique ; nos footballeurs ont joué en franc-tireur laissant leur esprit de groupe de côté. Ils n’ont pas été très accueillants avec leurs fans. D’ailleurs, comme me dit mon fils, ils ont manqué de solidarité. Ce mot a dû être rayé de leur vocabulaire, aux bleus.

 GinetteIl part où ton fils, pendant ces trois semaines ?

 Paulette : Y part en Angleterre pour améliorer son anglais.

 GinetteWouaouh ! À lui les petites anglaises ?

 

PauletteOh ! Attends ! Il n’a que 17 ans, il est encore mineur, alors pas de folie avec son corps. Mais, j’ai quand même mis dans sa valise des … tu vois ce que je veux dire.

Ginette hoche la tête avec un air entendu.

 Ginette - Il va pouvoir leur apprendre notre belle langue française. Par contre, pour l’autre appétit, je ne sais pas si ça va fonctionner, vu ce que mangent les Anglais. Ce ne sera pas des agapes.

 PauletteAgathe ? Non il ne part pas avec Agathe, puisqu’il part tout seul.

 Ginette - hausse les épaules et lève les yeux vers le plafond avec un léger soupir d’agacement.  Je te parle d’A G A P E. Festin ! si tu préfères. D’ailleurs, je ne connais pas Agathe !

 Paulette - Mais si, la petite rouquine qu’aime bien mon fils. Elle aussi d’ailleurs, elle aime bien mon fils. Ils sont très complices. J’la trouve marrante. Quand elle parle, elle zozote à cause de son cheveu sur la langue. Comme me dit mon fils, elle a de la chance car c’est pratique pour prononcer l’anglais, surtout les the.

 GinetteCela va te coûter cher, l’Angleterre c’est pas donné.

Paulette - Non, c’est un échange solidaire entre la France et l’Angleterre. Comme mon fils est dans les trois premiers à l’école, il a donc droit à un séjour tous frais payés en Angleterre.Et pour que cet échange se fasse harmonieusement, je recevrai à la fin de cette année un petit anglais de Pullover.

 

théâtre,semaine de la langue française,thélièmeGinettePull Over ? ça se trouve où en Angleterre ? C’est quoi ? Un village.

 

PauletteNon ? Il paraît que c’est un port. J’ te dirai sur une île, les villes sont toutes des ports.

 

GinettePull Over ? T’es sûre du nom ?

 

PauletteBen… Oui, la ville où les Beatles ont chanté dans une cave.

 

Ginette Aaaah ! LIVERPOOL ! Paulette ! Toi et la géographie !semaine de la langue française, théâtre, Thélième

 

PauletteBon ! J’en étais pas bien loin ! Ce sont les mots : l’hiver et pull qui m’ont un peu embrouillée. Je suis française !

 Ginette - J’espère qu’il rencontrera des Anglais accueillants.

 Paulette - Ne t’en fais pas, ce sont les parents du p’tit Anglais que je recevrai à Noël.

 GinetteAh bon ! Il les connaît déjà ?

 PauletteOui, grâce à  Internet. Tu connais mon fils. Toujours à réseauter sur sa toile. Ça crée des liens, comme il dit. Son site s’appelle FESSEBOUC. Drôle de nom ! Pourquoi pas CULDECOCHON ? Il m’a montré la page de son copain où il y a plein de photos, et surtout celle de son grand-père entouré de tous ces anciens compagnons alpinistes en costume d’époque. Ils ont, paraît-il, grimpé tous ensemble attachés par une corde, la plus grande montagne du monde. D’ailleurs, c’était lui le premier de cordée.

Une grande amitié s’est installée entre ces deux gamins. Mon fils me dit qu’il va enfin voir ce grand alpiniste pour de vrai, car son grand père est toujours vivant. C’est fou ce que tu peux rencontrer de célébrités grâce à Internet.

Mais parfois tout cela me fait peur. Tu te rends compte, s’ils leur prenaient l’idée de débarquer tous en chœur à la maison ? Ma petite maison n’a que trois pièces.

 

Ginette  Mais non ! Tout cela reste des rencontres virtuelles. (Un silence) T’as vu tous ces jeunes qui se lancent des invitations sur Internet et qui se retrouvent tous à boire un coup sur une place d’une ville quelconque ? Avec de tels agissements, c’est la mort du bistrotier… Surtout qu’ils débarquent tous avec leur bouteille.

 

PauletteOuais ! Avec Internet, ce serait même la mort du téléphone et bientôt la disparition du facteur. T’as plus besoin de passer ton coup de fil à tes amis pour les inviter, t’allumes ton ordi, tu cliques et c’est fait.

 

Paulette et Ginette - On n'arrête pas le progrès !

 

 


15/03/2011

Messages

Voici le texte N°2

 Messages

  

PERSONNAGES :

Camille : Naufragée sur une île déserte en 1816

Dominique : Chef d’entreprise en 2011

Halala : Déesse attentive

Hermer : messagère

 

 Camille est sur une île déserte, un livre, quelques planches, une plume….

Dominique dans son bureau, ordinateur, téléphone…

Halala en arrière et en hauteur avec des jumelles de théâtre.

Hermer, la messagère avec des ailes sur son chapeau.

Camille et Dominique ne voient pas et n’entendent pas la Déesse ni sa messagère.

Lumières sur Dominique

 

Dominique -  Voyons les propositions de mon équipe. Je commence toujours par réseauter virtuellement avant les rencontres physiques…Mais c’est pas possible ! Ils sont tous niais ma parole ! Je leur ai dit que je voulais du nouveau, une communication moderne, certes, efficace mais ancrée dans le culturel. Toucher, attendrir, Intriguer ! Un peu de rêve, un peu de désir ! Ha ! là ! là !

 La déesse s’installe.

Halala  -  oui, j’écoute ?

Dominique -  Mais enfin, y a t’il quelqu’un sur cette Terre pour me trouver une idée géniale ?

Halala  - voyons, voyons…

Dominique -  bon, je vais reformuler mes demandes et je vais les secouer un peu !

Elle se remet au travail ; lumière sur Camille.

Camille  - Voilà, je suis bien installée ; Naufragée sur cette île comme la Terre, naufragée dans l’Univers. Le monde que j’ai connu a dû changer. Je ne le retrouverai jamais. Le temps doit passer là-bas ; ici non, il ne passe pas. Toujours beau temps. Il n’y a plus que ce rythme : jour/nuit, jour/nuit, jour…heureusement j’avais sauvé ce livre de Lord Byron . Maintenant je le connais par cœur. Et j’ai aussi ma belle solitude, ma solitude bien-aimée, ma sœur, ma compagne, mon enfant…oh, je l’ai désirée, je l’ai cherchée, je l’aime beaucoup, à la folie. Mais de la solitude du matin au soir, la nuit encore de la solitude ! Ça fait beaucoup ! Trop ! Beaucoup trop ! Ras le bol de la solitude ! Personne pour me tendre la main ! Ah ! là ! là !

Halala -  je suis là.

Camille  - Je voudrais envoyer un message original, et que quelqu’un le reçoive ! Quelqu’un qui…que… Et puis je dois faire une carte pour qu’on retrouve cette île.

Elle se met au travail.

alala -  Hermer, peux-tu venir me voir ?

Hermer : Me voici, me voilà, Halala, grande Déesse !

Halala  -  Hermer, je te fais les présentations;

théâtre, semaine de la langue française, île de ré, Thélième A ma droite, Camille, fille émancipée qui a pris l’habit de matelot en 1816 pour embarquer sur une frégate, La Méduse dans la rade de Rochefort, cap sur le Sénégal… On l’a débarquée sur cette île déserte. Finalement ce fut une bonne chose pour elle, l’île est plus confortable que le radeau. Rêveuse, poète ;  Elle voulait échapper à une vie écrite d’avance ; c’est fait.

A ma gauche, Dominique, après de longues études, elle a créé son entreprise. Elle a tout sacrifié à sa carrière comme on dit en 2011. Organisée, pragmatique, très exigeante avec les autres comme avec elle-même ; elle souhaitait réussir. C’est fait aussi.

Maintenant, regarde bien : Camille écrit un message ; il doit arriver dans le bureau de Dominique, harmonieusement s’il te plaît…

Hermer  - Mais, comment ?

Halala -  Dis-donc, c’est toi la messagère, non ? Allons, je suis sûre que tu vas réussir.

Hermer  - Mais ça va faire un énorme trou spatio-temporel !

Halala -  Que dis-tu ?

Hermer  - ça ne colle pas ! Problème d’époque, de temps quoi ! Vous savez, pas la météo, le temps qui passe !

Halala -  Mais mon petit, le temps n’est pas si linéaire ! C’est une boucle…un cercle…une bulle…Voyons, là, il s’agit juste de favoriser …un petit glissement…une fusion entre deux bulles. Mets-y tout de même un peu de délicatesse.

Hermer  - Ce n’est pas possible ! Il n’y a pas un Dieu ou une autre Déesse plus raisonnable par ici ?

théâtre,semaine de la langue française,île de ré,thélièmeHalala -  Non, je suis la seule. Finies les agapes !

Hermer  - Mais pourquoi ? Où sont les autres ?

Halala -  Ils dorment profondément. Entends-tu encore des gens invoquer Zeus, Héra ou Athéna ?

Hermer  - Non.

Halala -  Et voilà. On n’invoque plus que moi : « Ah ! là ! là !, si j’avais… » Ou « Ah ! là ! là, si je pouvais… » . Moi seule existe maintenant.

Hermer  - Je vais être complice d’une étrange aventure. Impossible d’y échapper. Bon, j’y vais

Camille a mis son message dans une bouteille et la jette à la mer. Hermer fait progresser la bouteille jusque dans le bureau de Dominique ;

Dominique -  Qu’est-ce que c’est ? Comment, une bouteille ? Mais qui s’est permis de boire dans mon bureau ? Je vais faire une enquête, évidemment ce ne sera personne…Tiens, bizarre, on dirait qu’il y a un message à l’intérieur ! Une lettre, quelle belle écriture ; et une carte… Mais voilà l’idée qu’il me fallait ! Pas de signature ? Si, « Camille ». Pas de Camille dans mon équipe…C’est peut-être un code, une anagramme ? Quel casse-tête ! Mais c’est amusant ; comment faire pour découvrir l’auteur ? Et cette île existe-t-elle vraiment ? D’accord, je me laisse embarquer dans l’aventure. Je réponds immédiatement ! (elle se met devant son ordinateur). « Merci de me donner les coordonnées GPS de ce lieu ainsi qu’un numéro de mobile, une adresse internet ; rapidement ; Votre idée m’intéresse !  Dominique» Oui mais j’envoie ça où et comment ? Ce téléphone n’est d’aucun secours, cet ordinateur non plus. (Elle ferme et repousse son matériel). Voyons, un peu de créativité à mon tour, laisser s’écouler l’énergie. Cela m’a aidé dans bien des situations. (Elle prend un stylo, un papier, elle écrit. Puis elle se lève, sa lettre à la main).  Ah ! là ! là ! Mais comment je l’envoie maintenant ? (Halala fait un signe à Hermer qui arrive avec un oiseau au bout d’une perche). Confier mon message à un oiseau ? Une tête de Linotte ? Porteur de virus en plus ? Bon, les ordinateurs aussi ont des virus, et ce n’est pas bon du tout pour ma santé. Le stress et tout ce qui s’en suit…

Halala -  Ayez confiance !

Dominique -  Quelque chose me dit que je pourrais avoir confiance… Non, c’est irrationnel !

Halala -  le rationnel c’est seulement ce qui est accessible, l’irrationnel ce n’est peut-être que ce que l’on ignore.

Dominique -  Après tout, pourquoi ne pas tenter, écouter le cœur, faire confiance à ce qui advient ?

(Elle confie sa lettre à l’oiseau et reste rêveuse ; Camille récupère le message)

Camille  - Bonjour bel oiseau, si seulement tu pouvais me dire d’où tu viens ? théâtre,semaine de la langue française,île de ré,thélièmeMais tu me portes un message !… Tiens, voilà un peu d’eau douce ; Hé ! Ne repars pas déjà ! Miséricorde ! Pour une fois que j’avais de la visite ! Alors, ce message tant espéré…j’ai peur de l’ouvrir. Bon, le sort en est jeté ! …coordonnées GPS ?...numéro de mobile ?...adresse internet ?... « Dominique » ! Je ne comprends rien ! Le monde a dû perdre le nord ! Dominique, que voulez-vous me dire avec ces mots là ? Mon idée vous intéresse ; Tant pis pour le reste je ne retiens que ça et je vous réponds. Voyons… Et puis tant pis pour la retenue qui sied aux dames paraît-il, je me lance. Je raconte mon enfance, ce mariage que j’ai fui, ce bateau bien mal commandé et qui m’a abandonnée sur ce bout de terre. (Je me demande parfois comment cela s’est terminé pour eux). Je raconte mon livre, celui que j’ai lu ici, celui que j’ai écrit…mes joies, mes désirs. Tout. Et maintenant : plus de bouteille, plus d’oiseau… Que faire ?

Halala -  Hermer, pressons, pressons, message lourd de conséquences et urgent !

(Hermer arrive avec une boîte et une corde, Camille dépose son courrier),

Camille  - Tiens une boîte ! Elle m’a l’air accueillant. Faire confiance à la providence, évidemment. Je n’ai guère le choix.

(Hermer tire avec efforts)

 Hermer  - Pour être lourd, il l’est ! J’ai jamais demandé à être premier de cordée moi !

Dominique -  (en ouvrant la boîte) Quel trésor ! Quel cadeau : offrir ainsi son histoire ! Je veux aller vers toi, rencontrer ta vie, devenir ton amie, avec toi créer le point zéro de notre calendrier. Comment répondre, comment répondre vite et avec chaleur ?

Camille  - Voilà, je suis inquiète ! Oh, je n’ai pas peur du regard des autres, c’est plutôt que j’attends, j’espère ;  Ha ! là ! là ! si je pouvais tout simplement parler avec ce…cette Dominique !

Halala -  Hermer, tu ne vois pas qu’elles ont besoin d’un lien ? Tends vite ce fil s’il te plaît !

(Hermer donne un bout du fil à Camille et l’autre à Dominique)

Camille  - Dominique !

Dominique -  Je crois qu’on m’appelle. C’est vous Camille ?

Camille  - oui. Mais d’où vient cette voix ? Des lieux d’en bas ?

Dominique -  Soyez rassurée, c’est moi, Dominique. En théorie cela ne se peut pas, mais je crois que nous communiquons par la pensée.

Camille  - Merveilleux ! Faisons confiance à notre perception. Je pense qu’il existe plusieurs chemins pour se rencontrer et partager.

Dominique -  Vous parlez des textes numérisés, ou des livres peut-être ?

Camille  - Des livres, oui, mais pas seulement, je parle aussi d’énergies insoupçonnées…des idées suspendues dans l’univers auxquelles nous sommes tous reliés.

Dominique -  Depuis notre naissance ?

Camille  - Peut-être même avant…Oh, je voudrais vous rencontrer.

Dominique -  C’est absurde ; C’est impossible… enfin j’hésite, je ne sais plus finalement.

Camille  - On s’imagine bien connaître ce qui semble réaliste, ce qui est habituel. Pour le reste, pour ce qui paraît absurde, il n’y a que la foi.

Dominique -  Alors, croyons en chœur, ce sera peut-être plus cohérent, plus intrépide, plus solide.

(Hermer matérialise un cheminement qui relie les deux côtés de la scène et va s’assoir près de Halala. Camille et Dominique se rapprochent lentement)

Dominique -  Est-ce que l’on rêve ?

Camille  - La vie est-elle plus vraie que le rêve ?

(Elles se touchent la main)

Ensemble -  Le monde sera ce que nous en ferons.

Noir