28/03/2010
Concours 2010 (10)
Cette année, vous pouvez voter aussi par mail.
Vous allez pouvoir lire les dix textes sélectionnés, et vous pourrez donner votre note et un commentaire, par mail, sur
Texte N°10
(en rouge les parties chantées)
Elle et Lui dans tous les sens
Comédie (presque) musicale
Personnages
Gilbert, très décontracté, vêtements de sport clairs
Pierre, cadre supérieur, costume 3 pièces, attaché case
Le chœur : quatre personnes assises en terrasse :
Décor
Un café en terrasse
Gilbert et Pierre entrent en scène, l’un venant par jardin, l’autre entrant par cour.
Gilbert à la vue de Pierre ouvre grands les bras.
Pierre, de surprise, marque un arrêt.
Gilbert – Pas possible, Pierre, c’est bien toi… Quelle surprise !
Pierre – Monsieur, je ne crois pas cous connaître, vous faites erreur…
Gilbert – Mais mon vieux… Gilbert ! La Sorbonne… Tu te souviens ! Les mêmes cours. Les mêmes remue-méninges. T’as pas zappé, quand même !
Pierre – Oui… Vaguement, maintenant… Mais je ne vous aurais pas reconnu !
Le chœur (chantant crescendo) – Pas reconnu, pas reconnu, pas reconnu !
Gilbert – Vingt ans ! Ça remodèle un homme (il se tape sur l’estomac) Moi, ça m’a donné une silhouette… chaleureuse. Oh ! Que je suis content de cette rencontre ! (Il chante) Embrasse-moi ! Embrasse-moi !
Pierre – Excusez-moi, je suis un peu pressé et… Vous embrasser, ici !
Gilbert (le retenant) – Tu ne peux pas me servir cette phrase-là. A moi, ta Gilberte !
Le chœur – Il a dit… Il a bien dit… Ta Gilberte !
Pierre (confus) – Que veux-tu mon vieux, c’est une nuance, une variante de langage. Mais ma vie est comme du papier à musique, (il chante)
Réglée, limpide…
Oubliés les copains et les amours d’antan.
Oubliées les fantaisies
De jeunesse
Le chœur (reprenant) – Oubliés les copains et les amours d’antan
Oubliées les fantaisies
De jeunesse !
Gilbert – Fantaisies de jeunesse. Tu vas fort… Serais-tu devenu hétéro par hasard ? A moins que tu ne sois bi. C’est ton cheval de Troie ? Ça doit être une galère pour toi de cacher tes pulsions ? (chantant)
Toi, mon mentor,
Toi qui m’as tout appris…
Le chœur (reprenant)
Lui son mentor
Qui lui a tout appris.
Pierre – Plus bas, veux-tu.
Nous sommes en pleine rue…
Le chœur (reprenant en chantant)
Plus bas, veux-tu.
Nous sommes en pleine rue…
Gilbert - Allons nous asseoir à cette terrasse.
Pierre – Si tu veux.
Ils vont s’asseoir. Gilbert en profite pour l’embrasser entre cou et oreille
Pierre – Ne m’escagasse pas !
(Chantant)
Que fais-tu dans la vie ?
Gilbert - Moi je suis chez Michou.
Le chœur - Lui, il est chez Michou.
Michou, Michou, Michou…
Pierre – Michou ? Connais pas, j’habite la province.
Et qui est ce Michou ?
Gilbert – Michou est une copine. Mais avant tout c’est un cabaret, très coté. Spectacle artistique et très drôle. On s’y amuse beaucoup. J’en suis le transformiste vedette.
Le chœur - Oh ! Oh ! Oh !
Pierre – Explique-moi cela…
Gilbert – Patachou, la grande Zoa,
La Castafiore, tu connais pas ?
Pierre – Ne me prends pas pour un demeuré. Je regarde la télé et je connais mes classiques.
Gilbert – C’est vrai ? Dis-moi.
(Chanté)
Es-tu si pressé ? (bis)
J’ai tant de joie à te retrouver !
Tant de tendresse à te donner.
Le chœur - C’est beau, c’est beau ! Ah ! que c’est beau !
Pierre – Moi aussi, je peux bien te l’avouer… Mais la surprise de cette rencontre.
Tous ces souvenirs qui s’bousculent.
Ces sentiments qui me brûlent,
Et qui me poussent vers toi.
Le chœur – Ces pensées… Ces sentiments (bis)
Pierre – Mon quotidien gâché,
Je voulais effacer…
Et là te retrouver,
C’est trop, la tête me tourne
Le chœur – La tête lui tourne…
Gilbert – C’était l’amour, le vrai
Bien sûr physiquement
Crescendo permanent,
Tendresse inattendue
Ah ! Je n’en dormais plus !
Le chœur – Ah ! Il n’en dormait plus…
Gilbert – Mon esprit se baladait
En pensant à toi,
Mais toi, Oh ! Dis-moi,
( Parlé) As-tu un ami actuellement ?
Pierre – Non mais…
Pour ne plus t’aimer
Je me suis marié !
Gilbert – Marié ! Toi ? avec une femme
Le chœur – Lui avec une femme !
L’autre avec un homme
Une femme ? Un homme
Un homme ! Une femme !
Ça n’a pas de sens
Dans tous les sens
Pierre – Je ne suis pas heureux
Pourtant… J’ai deux
De beaux enfants :
Fille et garçon,
Adorables tous les deux…
Gilbert – Pas possible !
Le chœur – Impossible… Impossible ! Impossible ! Impossible !
Gilbert – Pas possible… Explique-moi
Le chœur – Explique-moi, explique-nous !
Gilbert – Pas possible… Explique-moi
Pierre –Dans un moment de frénésie
Pour te chasser de mon esprit
Et combler le vide de ma vie
J’ai cherché à te remplacer
Alors je me suis marié
C’était une fatale erreur !
Ma femme a rapidement compris.
Elle me tromp’ avec ses amis
Moi, je m’occupe de mes petits…
Elle, des amants, elle a pris !
(parlé) Mais je n’en peux plus !
Le chœur – Il n‘en peut plus ! Il n’en peut plus !
Gilbert – Tu as des enfants ! Mon rêve…
Pierre – Je n’en peux plus !
Quand je t’ai vu !
Je t’ai reconnu.
Mais j’ai eu peur…
Oui, j’ai eu peur
Gilbert – Moi, quand je t’ai vu là, J’ai failli crever sur place.
Sans toi, tout est désillusion et chagrin.
Si tu me prends par le main
Ensemble, plus doux est le chemin.
Tes enfants seront aussi les miens
Et notre amour ira croissant
Généreux et clément.
Pierre – Mais comment faire ?
Gilbert – Tu as des mobiles pour demander une séparation.
Pierre – Ce n’est pas si simple !
Le chœur – Ce n’est pas si simple,
Pas simple du tout…
Mais pour être heureux
C’est mieux d’être à deux….
Gilbert et Pierre - C’est mieux d’être à deux (répété)
Ils tombent dans les bras l’un de l’autre, tournent le dos au public un court instant, et se retournent avec sur le nez des lunettes bleues…
Gilbert et Pierre et le chœur final - C’est mieux d’être à deux… (ad libitum)
Fin
00:15 Publié dans Concours, Langue, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, langue, concours, thélième, île de ré
Concours 2010 (9)
Cette année, vous pouvez voter aussi par mail.
Vous allez pouvoir lire les dix textes sélectionnés, et vous pourrez donner votre note et un commentaire, par mail, sur
Texte N°9
Personnages
Les Pléïades 1: Alcyone 2 : Electre 3: Maïa 4 : Mérope 5 : Taygète
6 : Pléioné 7 : Atlas
Tous habillés en bleu lumineux
Hubble : le télescope spatial
Longue vue ou jumelles, quelques appareils en bandoulière…
Wild : la comète
Bien habillée en blanc ou gris, très longue écharpe blanche partant des épaules ou des cheveux
Cosmos 2010
Bruit, explosion, souffle dans le noir. La lumière se fait progressivement lorsque les pléiades entrent, une par une sans trop s’avancer.
1 : C’est quoi ce bruit ?
2 : Trop fort !
3 : Trop bizarre !
4 : Trop moche !
5 : Trop…trop…
6 : Ça va pas, non ?
7 : Assez !
Ensemble : ça fout la trouille !
En avançant avec précaution chacun leur tour, cherchant à voir
1 : Ça vient d’où ?
2 : Qu’est-ce que c’est ?
3 : Ça continue ?
4 : Non, c’est fini…
5 : Tu es sûr ?
6 : Ben, attends un peu…
7 : Chut !
Ensemble : Quelle explosion !
Ils marchent en tous sens, réfléchissent et se parlent :
1: C’est pas naturel !
2: C’est pas une étoile…
3: C’est inouï !
4: (Criant) attention ! (Un projectile atterrit près d’eux) des débris !
5: Misère !
6: Mais ça va nous escagasser !
7: Quelle galère !
Ensemble: ce vacarme est funèbre. (Figés, regard lointain)
Hubble : Eh, dites donc la jeunesse, vous n’avez pas l’air en grande forme ! C’est quoi votre problème ?
Ensemble : Une explosion !
Hubble : Pas de joie apparemment (il rit)
Voyons, je vais deviner : Je parie que c’est « éta de la carène », une étoile grande comme 100 soleils ! Elle a déjà explosé en 1843 et cela va faire 6 mois…non, 9 mois maintenant qu’elle brille crescendo … elle s’est transformée en super-nova ?
1 : Regarde et dis-nous … Hubble ajuste sa longue vue, ils se regroupent derrière lui et un à un s’en écartent
2 : Que nenni
3 : Perdu !
4 : Nul !
5 : Flop ! Flop ! Flop !
6 : Mauvaise réponse !
7 : Option rejetée !
Ensemble : T’as pas une variante ?
Hubble : D’accord, d’accord, c’est autre chose et je ne vois pas quoi…
J’ai la malice à marée basse en ce moment, je viens tout juste d’avoir 20 ans et je vais avoir un remplaçant… le nouveau télescope spatial James Webb, vision dans l’infra rouge ! Il paraît qu’il va voir à moins 13,7 années lumières, juste après le big-bang, la naissance des premières étoiles et des premières planètes…
Et impossible de le manger à la sauce sélénite, même avec un peu de colère épicée …
Ensemble : Alors, c’était quoi ce bruit ?
Hubble : Je cherche, je cherche ! Je fais tourner tous mes instruments…
Quel remue-méninges les enfants !
1 : Regarde au plus profond.
2 : Bouge un peu !
3 : Sois mobile !
4 : C’est immense…
5 : Effrayant…
6 : Pourtant le ciel nous est familier, intime…
7: Et notre curiosité permet presque de le toucher…
Ensemble : Alors ? Verdict du regard baladeur ?
Hubble : Rien… trop loin certainement…
Ensemble : (mouvements, murmures) Et dire qu’on t’avait choisi comme mentor !
Hubble : Oh! Attendez, je vois…mais oui, c’est elle, la comète Wild, elle vient vers nous, elle qui est en contact avec le gigantesque ! Quelle chance. Hého !
(S’adressant à la comète qui arrive) Bonjour ravissante Wild; mais devrais-je plutôt dire « Bonjour ravissante désemparée ? »
Wild : Bonjour Hubble, Bonjour les pléiades
Ensemble: bon-jour ma-dame
Wild : oui, Hubble, désemparée et triste : on a perdu une planète !
1 : Une véritable planète ?
2 : Avec de la vie dessus ?
3 : De la vie complexe ?
4 : Dans un autre système ?
5 : Dans une autre galaxie ?
6 : Ou plus près ? (se rapprochant de Hubble) Pas la sienne, pas la Terre ?
7 : Bof, les planètes ça vit, ça meurt, ça se fait manger par les soleils et ça fait de la poussière d’étoiles…
( Hubble cherche en direction du public)
Wild : Tu as raison mais là, ce n’était pas naturel, pas dans l’ordre des choses. « Ils » l’ont zappée ! Ses habitants l’ont zappée, effacée, annihilée !
Ils avaient pourtant atteint un niveau de complexité intéressant d’où émergeait intelligence et conscience…
Hubble : Ce n’était pas la mienne, pas cette fois… Mais on peut craindre le pire avec mes Humains.
Parfois je les observe discrètement, je feins la panne et je les contemple…
Wild : Et que vois-tu ?
Hubble: Je vois de la douleur, des océans de larmes. Je vois de la tendresse aussi, de la miséricorde et même du bonheur.
Ensemble : Jean qui rit, Jean qui pleure (rires, rondes, jeux de mains)
Hubble : Non, ne vous moquez pas! Ils ont réussi à développer leurs connaissances. Mais il s’est produit un dérèglement, comme une infestation de parasites qui confondent accumulation et mérite, possession et bonheur.
Je dirais le style Terreux, les Tristans connectés, les oublieux de la réalité.
Il y a aussi le style Myopeux: vision à court terme dans un univers infini…
Le paradoxe, l’absurdité totale. Mais le beau style terrien n’est pas éteint : ceux qui croient à l’Amour et à l’éducation. Ceux qui ont eu la révélation du vrai Bonheur.
Wild : Espérons que tout ce monde là va se réveiller avant leur extermination totale. Leur liberté réside dans leur fragilité, pas dans leur faiblesse.
Hubble : A ceux qui ont encore l’esprit et le cœur ouvert on pourrait dire: « Posez votre sac, videz-le et ne repartez qu’avec ce qui vous donne un sentiment de plénitude, un bonheur profond et partagé; Alors votre voyage deviendra inventif et sensé. »
Wild : Mais nous sommes à leurs yeux des témoins discutables, à la rigueur un mythe agaçant ou une étourderie charmante.
Hubble : Pourtant ils sont venus te sonder, toi, Wild
Wild : Oui, ils m’ont envoyé la sonde Stardust (Stardust entre et commence une séance de photos puis d’époussetage pour prélèvements)
J’ai rencontré poussière d’étoiles en 2004. La sonde est rentrée sur terre en 2006 et les scientifiques ont tout analysé.
(Stardust repart mais s’arrête sur le projectile tombé en scène au début; Il va d’abord en faire le tour, le photographier, et progressivement l’ouvrir et en sortir des messages symboliques : SOS, CD, vieux téléphones, etc.)
Hubble : Conclusion ?
Wild : Oh, ça a fait couler beaucoup d’encre; On aurait trouvé de la matière organique différente… tu imagines, grands articles, petits papiers,descriptions de nouveaux mondes…
Hubble : Mais tu ne viens pas de si loin Wild, tu ne viens que de la ceinture de Kuiper…ou celle de Oort à la rigueur.
Wild : Que connais-tu de cette ceinture Hubble? Est-ce que seulement tu la vois ?
Hubble : Non, personne ne l’a jamais observée. Mais tu viens bien d’une région lointaine de notre système solaire ?… De notre galaxie ?… De notre univers ?… Bien, protège tes mystères, c’est ton droit. Après tout on raconte que ce sont les comètes qui ont apporté dans leurs glaces les briques du vivant.
1 : Moi, je voudrais tellement avoir un beau cortège de planètes
2 : et au moins une avec la Vie, pour assister à ce beau spectacle.
3 : Avec des petits personnages très doués,
4 : de petits êtres complexes pleins d’émotions,
5 : et ils seraient aussi intelligents et beaux,
6 : de cette complexité naitrait la Conscience,
7 : de cette Conscience naitrait la science, la spiritualité, la poésie…
Ensemble: gros soupir
Wild : Autrefois je ne venais les voir que tous les quarante ans, mais ma curiosité pour ces Terriens est telle que je suis passée près de Jupiter pour changer mon orbite et revenir tous les 6 ans et demi (gros soupir puis soupir des pléiades)
Hubble : C’est vrai qu’ils sont passionnants; on dirait que quelqu’un s’est penché sur leur berceau… (Tous lèvent les yeux interrogateurs, hochements de tête…) J’ai envie d’inventer pour eux un nouveau cheval de Troie qui introduirait un anti-parasites dans leur système et rétablirait l’Harmonie.
Wild : Mais ce serait une intervention extérieure… ce serait dommage… Ils sont libres ! Libres de survivre ou de mourir.
Hubble : Oui, mais si on pouvait…
Wild : Non, on ne peut pas. Mais toi, Hubble, te sens-tu libre ?
Hubble : Un peu, mais pas assez…Je crois que je vais me laisser dériver… avec toi peut-être ?
Je rêve de visiter d’autres niveaux de réalité, d’aller plus loin que les limites de cet univers, voir au-delà… Puisque tout cela existe plutôt que rien, est-ce que cela ne pourrait pas faire partie d’autre chose ? D’un tout plus grand encore?
1 : C’est bien de rêver,
2 : c’est regarder et écouter autrement.
3 : C’est une autre façon de comprendre.
4 : Le cosmos change, il a donc une histoire.
5 : Et c’est aussi notre histoire,
6 : L’histoire de notre univers, de tous les univers.
7 : Ici et ailleurs, même en dehors du temps, de l’espace et de la matière !
Ensemble: Dans tous les sens…
Tous les personnages (sauf Stardust) sortent dans des directions différentes, en silence.
Noir progressif. Alors Stardust allume sa lampe frontale puis une lampe plus grande. Il déplie une antenne pour lancer une communication.
Lumière sur un personnage endormi. Il est enroulé sur lui-même, il s’éveille, se déroule progressivement, va vers Stardust qui lui donne des consignes, puis il prend un bâton de pèlerin et part en traversant le public.
Fin
00:14 Publié dans Concours, Langue, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, langue, concours, thélième, île de ré
Concours 2010 (8)
Cette année, vous pouvez voter aussi par mail.
Vous allez pouvoir lire les dix textes sélectionnés, et vous pourrez donner votre note et un commentaire, par mail, sur
Texte N°8
Une seconde
M - Bonjour, qui es tu ?
S - Je suis une seconde, une seconde de la vie d’un homme
M - Une seconde, mais c’est trop court pour exister.
S - Ça dépend…
M - Ça dépend de quoi ?
S - Ça dépend de la seconde. Il y a des secondes trop courtes et des secondes qui durent toute la vie. On voudrait en zapper certaines et savourer les autres.
M - Hou là ! là !, tu m’escagasses.
S - Mais non, je t’explique
M - Bon, mais vas y crescendo, parce que là j’ai les neurones qui s’embrouillent, un vrai remue-méninges.
S - Un exemple proche de toi, J’ai été la seconde la nuit du 27 Février, la seconde fatale ou l’eau a chamboulé les digues, ou la mer s’est engouffrée dans les brèches. L’instant d’avant, c’était une tempête, une tempête normale comme on en voit chaque année, mais j’étais là, moi la seconde, tapie dans ce vent, je me suis emparée de la mer et j’ai refait l’histoire, on s’est retrouvé avec trois îles.
M - Mais c’est le vent, la mer, et un peu la folie des hommes qui sont responsables de cette galère.
S - Oui mais il y a eu la seconde où l’impossible est devenu réalité.
M - Et c’est toujours dramatique comme ça ?
S - Non, heureusement, il y a des variantes, je ne choisis pas la seconde que je suis, mais tel un cheval de Troie, je m’immisce dans la vie des gens pour en changer le cours.
M - Et tu ne peux pas l’empêcher ?
S - Je suis un baladeur du temps, mon mentor m’égrène au gré de ses envies, je peux être une seconde que l’on oublie vite, une seconde sans importance, sans mobile, sans raison de vivre, un seconde comme il y en a tant d’autres où l’on avance sans regarder autour de soi, sans voir son voisin, sans sourire, sans aimer.
M - Oui, ça je connais, on se retourne, on regarde en arrière et on ne se souvient de rien, ou plutôt, rien ne mérite que l’on s’en souvienne.
S - Et oui, tu n’as vécu que des secondes sans importance. Mais il existe des secondes qui durent toute la vie, des secondes qui laissent une empreinte profonde dans le monde. Des secondes terribles…
Il ne fallut qu’une seconde à Paul Tibbets pour libérer « little boy », la première bombe atomique. Il ne faut qu’une seconde à un homme pour en écraser un autre, une seconde d’inattention et hop, tu deviens un meurtrier, une seconde et un enfant meurt de faim dans le monde, une seconde et une femme meurt sous les coups d’un homme, une seconde et …
M - Stop, stop, je voudrais pouvoir fermer les yeux, ne serait ce qu’une seconde et cesser d’exister.
S - Mais non, je ne suis pas que seconde de galère, je peux aussi être seconde de bonheur
La seconde ou Armstrong a marché sur la lune, c’est une seconde qui a ouvert les portes de notre galaxie, c’est une seconde merveilleuse qui nous a permis de rêver, qui nous a fait prendre conscience que nous étions petit face à l’immensité de l’univers, petit comme une seconde quoi….
M - Oh oui, ça je m’en souviens, quand je regarde la lune, je rêve que moi aussi, un jour j’y marcherais.
S - Il y a des secondes qui ne devrait jamais finir, comme la joie d’enfant qui ouvre ses cadeaux, le sourire d’un homme qui en aide un autre, tous ces petits bonheurs, tout ces petits riens, toutes ces petites secondes qui font que l’on est heureux de vivre.
Et au fait, toi qui es tu ?
M - Moi, je suis la mémoire…….. Des milliards de secondes.
Fin
00:14 Publié dans Concours, Langue, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, langue, concours, thélième, île de ré