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17/03/2011

Que la montagne est belle...

 

 et le texte n°4

Que la montagne est belle...

 

 

Personnages

 

Valentin : un montagnard un peu rustre. 

Marie-Chantal : une randonneuse venant de Paris. 

 

 

Décor : la salle unique d’une ferme de montagne. Valentin est seul en scène. On frappe au-dehors. 

 

Valentin criant - Entrez!

 

Marie-Chantal entre en grelottant   - Pardonnez-moi d'arriver si tard... Je me suis égarée en montagne et je cherche un abri pour la nuit. 

Valentin l'air ennuyé  - Ben ma pauvre dame, vous tombez mal !... Avec cette neige, ma femme est bloquée au village... j'ai pas grand-chose à vous offrir...

 

Marie-Chantal - Votre hospitalité me suffira... vous comprendrez que si je ne suis pas née sous une bonne étoile,... j'hésite à dormir à la belle étoile...

 

Valentin  désignant une chaise - Alors asseyez-vous près du poële... pendant que vous vous chauffez les mains, je vais préparer un vin chaud... ça va vous remonter la température...

 

Marie-Chantal prend un air choqué. - Mais... vous n'avez pas l'intention de me faire boire, par hasard? 

 

Valentin  - Qu'est-ce que vous allez imaginer!... Offrir le verre du réconfort, chez nous, c'est une tradition. Y a pas de mal à se faire du bien...

 

Marie-Chantal - Je regrette... je ne bois que du thé...

Valentin  - Du thé!... ça par exemple... On boit pas de ça, ici... 

 Marie-Chantal sourit moqueusement -  Je pense que c'est un tort...

 Valentin  - Faut pas penser comme ça ma petite dame... Ça va vous gâter les intestins...

 Marie-Chantal - Il faudra bien que je m'accommode... d'une situation... peu commode...

 Valentin  s'approchant de la fenêtre  - Si vous le dites..... Tout de même!... quelle idée de sortir par ce temps!... (Puis il se tourne vers Marie-Chantal) On voit bien que vous êtes pas du coin...

 Marie-Chantal - Est-ce ma faute si la neige nous a surpris?... Notre groupe avait prévu de réseauter jusqu'au refuge mais... je me suis perdue... J'ai donc essayé de rejoindre le village... et de fil en aiguille... je suis arrivée... (je ne sais comment d'ailleurs) jusqu'à chez vous...

 Valentin  - Ben ! heureusement que vous avez trouvé le chalet!... parce-que vous êtes pas rendue...

 Marie-Chantal - Le hasard m'a déposé devant votre porte...

 Valentin  - Il a bien fait!... Quand on connaît pas la région, c'est chercher une aiguille dans une luge à foin... mais on cause... on cause... je sais même pas qui vous êtes...                                                                                                                                                                                                       Marie-Chantal - Mon nom ne vous dira rien... cependant... si vous y tenez... Marie-Chantal Dubesnet... auteur, compositeur à Paris

 Valentin  - Moi, c'est Valentin... le montagnard...

 Marie-Chantal d'un air moqueur  - J'ai cru que vous alliez dire Valentin... Le.. Désossé... 

Valentin d'un air offusqué - Dites-donc!... pour qui vous me prenez ?... ici, y a que le jambon qu’est désossé... (Il se dirige vers le placard et sort le jambon)  j’le fais moi-même, mais... c'est du bon...

 Marie-Chantal regardant le jambon d'un air gêné - Hé bien!... s’il y en a pour deux...

 Valentin  - Y en a aussi pour moi... Allez... faites pas cette tête-là... je vous invite à le partager... et puis... buvez pendant que c'est chaud...                                                   

 Marie-Chantal attrape son verre - Puisque vous insistez... mais juste une goutte alors... ce serait dommage de laisser refroidir un breuvage élaboré aussi harmonieusement...

 Valentin  - Ben justement ! On l'a préparé avec les gars de l'harmonie... 

 Marie-Chantal lève son verre, le regarde et le colle contre son oreille - Ça ne m'étonne pas!... Dans ce verre,... on entend chanter l'écho de la vallée…

 Valentin  - On l'entend surtout après l'avoir bu... Si vous voyez ce que je veux dire... Mais dites-moi!... Qu'est-ce qui vous a venir dans notre belle région?...

 Marie-Chantal  - J'avais besoin de changer d'atmosphère...

 Valentin - Y a rien de bizarre à vouloir changer d'air!...

 Marie-Chantal  - Non.... Mais.... Vous avez dit bizarre?... comme c'est  étrange de me retrouver en votre compagnie...

 Valentin  s'asseyant  - J'ai pas été vous chercher...

 Marie-Chantal  -Enfin!... grâce à vous, j'ai trouvé un toit pour la nuit... En de telles circonstances,... je ne pouvais espérer mieux...

 Valentin portant son verre à ses lèves en souriant - C'est que les gars d'ici sont accueillants ma petite dame... On se connaît depuis la maternelle... Alors! Vous voyez...                                  

 Marie-Chantal - Je vois!... accueillants et... complices...

 Valentin - Ben tiens !... On a usé nos fonds de culotte ensemble...

 Marie-Chantal Vous avez de la chance!... A Paris, on les use dans le métro mais personne ne se parle...

 Valentin  - Vous devez pas rigoler tous les jours par chez vous!.. (Il se tourne vers le public) Dire que ces visages pâles nous traitent de peau rouge!...  vaut mieux faire envie que pitié....

 Marie-Chantal - Justement!... je compte prendre un bon bol d'air pour me restaurer...

 Valentin -  Et un bol de gnole... Qu'est-ce que vous en dites?...

 Marie-Chantal  - Ah non !... vous n'allez pas remettre ça avec les produits du terroir... pardonnez mon refus mais je ne suis pas votre cobaye!... Et je tiens à garder la tête froide...

 Valentin sortant une bouteille - Dommage!... y a pas meilleure que l'eau de vie du pépé pour briser la glace... en vérité, elle mérite bien son nom... ses vertus médicales ont fait le tour du village... tous les vieux vous le diront, même ceux qui sont allongés au cimetière...

 Marie-Chantal  -  Je ne mets pas votre parole en doute... mais... (Elle se tourne vers le public) Je connais des vérités qui ne font pas de vieux os... (Puis elle se tourne vers Valentin) enfin!... puisque c'est offert de si bon cœur... je vais quand même y goûter… (Marie-Chantal porte le verre à ses lèvres, s'étrangle, tousse et fait la grimace) Hou la la!... elle est rude... (Puis elle tousse encore) Après le vin chaud, cet élixir mérite une odelette...

 Valentin  - Pour l'omelette... C'est pas possible ma petite dame... y a plus d'œuf !... ma femme les vend au marché du village.

 Marie-Chantal  - Ah!... parce-que vous êtes aussi commerçant!... 

Valentin  - Faut bien gagner son eau de vie...

 Marie-Chantal  regarde la bouteille puis Valentin - Heureusement qu'elle fait des miracles !... vous n'avez que ce mot-là à la bouche...

 Valentin  l’air coquin - Ce mot et bien d'autres choses... ça devrait vous donner l'inspiration...

 Marie-Chantal  dubitative - Je ne sais pas ce que je dois en penser... mais... en ce qui concerne l'inspiration... je dois dire que vous-même ne manquer pas d'intérêt...

 Valentin -  En montagne, on manque de rien...

 Marie-Chantal  - Je vois ça... ce n'est pas comme en ville... on a tout, pourtant, il nous manque l'essentiel...

 Valentin  - Quoi donc?...

 Marie-Chantal   - Un peu de chaleur humaine...

 Valentin lui tend la bouteille - Avec ça... vous en manquerez pas...

 Marie-Chantal   - Vous allez finir par avoir ma peau ! (se levant et allant vers un cadre photo )   C’est vous sur la photo ?...                                       

 Valentin  - Aussi vrai que vous êtes parisienne...

 Marie-Chantal  montrant les cheveux de Valentin - Vous êtes devenu méconnaissable avec tous ces cheveux blancs...

 Valentin - Et alors!... y a peut-être de la neige sur le toit... mais y a toujours du feu dans la cheminée... (Puis il montre la photo) Et puis à l'époque,... j'étais... premier de cordée... au sommet de la gloire...

 Marie-Chantal  - Moi qui vous croyais berger...                                                                   

 Valentin  - Allez ! Pour se consoler, on va boire en chœur... comme à confesse... vous en reprendrez bien une larme?... 

Marie-Chantal  - Un sanglot!... ça va m'aider à finir le jambon... pour ne rien vous cacher,... c'est mon premier contact... avec l'authenticité... malgré tout le bien que j'en pense,... je suis encore sous le choc... 

 

Valentin vers  le public - Mets bien gusté,... vin bien tasté... (vers Marie-Chantal) et puisqu'on en cause,... le jambon,... vous le trouvez comment?...

 

Marie-Chantal  - Pittoresque!... Ce léger goût de calciné lui donne un fumet très... original...

 

Valentin  - C'est une spécialité maison...                                                        

Marie-Chantal  traçant un cercle avec son bras pour désigner les victuailles - Hé bien!... je suis flattée... de partager vos agapes... mais... (Elle bâille) Il faut  que je dorme,... je tombe de sommeil et... demain matin… je compte repartir tôt...vous pouvez m'indiquer la chambre?...

 

Valentin tendant le bras - Vous l'avez sous les yeux !...                                         

Marie-Chantal  - Mais....... C'est un placard!.....

 Valentin  - Comment ça... un placard!... ce lit est dans la famille depuis des générations... bon!... Pour cette nuit, je vous le laisse... je vais me rouler en boule... avec le chien... et dormir près du poêle.

 

Marie-Chantal   - C'est rustique....

 

Valentin  - Vous inquiétez pas pour les moustiques,... y en a pas!... Vous pourrez prendre vos aises....

 

Marie-Chantal -  A propos d'aise.... heu... et les toilettes?....

 

Valentin - Les commodités, vous voulez dire... C'est dehors!.....

 

Marie-Chantal  - Par ce froid !... Vous n'y pensez pas!....   

 Valentin  - J'y pense comme tout le monde …. Mais.... Faut pas contrarier la nature... si la nature a envie de chanter...

 Marie-Chantal  - Vous en avez de bonnes!...

 Valentin attrape le bouteille et la tend à Marie-Chantal - Ah ça!... Y a pas meilleur que la gnole du Pépé... pour vous donnez du cœur  à l'ouvrage....Tenez!... Gardez la bouteille....

 Marie-Chantal prend la bouteille et se tourne vers le public  - C'est à son hospitalité... qu'on mesure le cœur  d'un homme...

 Valentin - Vous savez ce qu'il disait le grand-père de mon grand-père?... hé ben il disait.... Il donne deux fois... celui qui donne vite...

 

La nouvelle odyssée du Nautilus

Ce matin, texte N°3

La nouvelle odyssée du Nautilus

 

personnages

Némo : capitaine du Nautilus fin XIXe

Giraudiot : Enseigne de vaisseau, XXIe

 

Sur scène: 2 fauteuils anciens ou chaises, un orgue ancien ou un synthétiseur, décor rococo 

La scène se passe dans le salon du Nautilus du capitaine Némo. L'équipage vient de sauver un naufragé, vraisemblablement un gradé, qui survivait dans un bien étrange canot de sauvetage, modèle inconnu des marins d'alors. Le capitaine Némo, qui jouait de l'orgue, se lève pour saluer le nouvel arrivant. 

Nemo se lève majestueux et regarde le marin avec hauteur

Némo  -  Je vous souhaite la bienvenue à bord, Monsieur... à qui ai-je l'honneur?... 

Giraudiot - Enseigne de vaisseau, Giraudiot... Nous étions en tournée d'inspection dans l'océan pacifique,...à bord du navire-école de la Marine Nationale le Mireille D'arc,... cette corvette remplace, depuis deux ans, la frégate Jeanne d'Arc, (la Jeanne) devenue obsolète,... quand nous fûmes coulés par un missile... nucléaire... très certainement. 

Némo  -  Missile nucléaire?... Diable!... Qu'est-ce donc?... D'habitude, c'est moi qui coule les navires en temps de paix... et de ma propre volonté... Dites- moi... que se passe t-il donc dans le monde civilisé, nous naviguons la plupart du temps,... loin des continents et du monde... 

Giraudiot - Vos gens,... votre vaisseau sous-marin,... vous-même,... me font vous demander:... où suis-je et qui êtes-vous ?

Némo  -  répond avec fierté: Vous êtes à bord du Nautilus,... le seul sous-marin existant au monde, propulsé par l'électricité, et... vous avez devant vous, son créateur,... son capitaine,... son mentor...

Giraudiot  -  Et nous serions au XIXe siècle!... alors, l'explosion du missile a dû fractionner le temps... je suis né en 2003,... au XXIe siècle... au troisième millénaire....

Némo   -   Permettez jeune homme, que je m'assoie... (Il s'assoit au piano) Vous venez du futur!!!... Quelques notes de musique nous calmerons tous deux... (Une minute de musique, genre voix Dracula) (Puis Nemo, orgueilleux et coléreux) Moi, capitaine Nemo,... je suis le plus moderne des scientifiques. Ma conception d'un monde nouveau... sous marin... va changer la face du monde,... dès que je l'aurais dominé,... mis à ma botte... 

Giraudiot - D'autres s'y sont essayé bien avant vous:... Charlemagne,.. Gengis Khan,... Marc-Antoine,... Napoléon,... et,... bien que vous ne l'ayez pas encore vécu:... Hitler,... les Russes,...les Américains, la bombe atomique est possédée dans le monde entier,... et peut nous détruire... à tout jamais,... à tout instant...

Némo  -  Ce monde a donc bien changé en deux siècles!... Jeune homme, vous qui connaissez ce monde que j'ai du mal à percevoir:... ce monde de l'an 2000... vit-il sous la mer,... de plancton,... de poissons, dont la manne est inépuisable,... des ressources du minerai provenant du fond des océans...?...  

Giraudiot - Je suis atterré d'avoir à vous répondre... que tous vos rêves... en sont encore à leurs balbutiements... Dans les années 1950,... le commandant Cousteau a bien essayé d'alerter le monde... Plus récemment, Nicolas Hulot,... Arthus Bertrand,... mais...il y a les asiatiques avec leur soif de conquête du monde... On est bien loin de Jacques Dutronc et... de ses 500 millions de Chinois!!!...   

 Némo   (Soupirant) - Ah!... le péril jaune, on commence à en parler dans mon monde actuel,... enfin, je veux dire... celui d'hier.... Vous qui avez l'avenir devant vous, et moi... avec ma technologie de dinosaure... que pouvons-nous y faire?... 

Giraudiot - (réfléchissant intensément) Ma foi,... je ne sais pas trop... (puis exalté): Voyons... mettons nos efforts en commun... ressortons tous deux du fond des mers... faisons un «scoop»,... la une des journaux... Deux époques faisant leur Mea culpa... s'unissent pour créer un monde meilleur basé sur:... la compréhension,... l'amour du prochain, plus de guerres,... d'attentats,...de misère,... de la nourriture pour toute la planète,...la mer enfin sauvée...!!!

Némo  -  Rassurant et doctoral Oh! Calmez-vous! La fougue de la jeunesse, je la reconnais bien;... Oui,... ce sont bien les jeunes qui sauveront la planète!... Quoique!... Si je retournais voir mon créateur «Jules Verne»,... et lui demandais à l'aide de sa plume géniale de trouver une fin heureuse à notre histoire... un cri d'alarme en quelque sorte...

Giraudiot - Exalté, presque délirant Oui!... votre idée est encore meilleure que la mienne... Déposez-moi discrètement dans un port... Puis je pourrais raconter mon épopée et ranimerais la vôtre... et celle des océans... D'une part, vous, par le livre, Vingt Mille lieues sous les mers dont vous êtes le héros, qui a eu un retentissement universel et a montré au monde entier la marche à suivre pour la survie de l'homme, vous créerez une société Internationale de Sauvetage en mer (au lieu de couler les navires et leurs équipages),... puis en moissonnant à l'échelle mondiale, le fond des océans,... le plancton,... les algues,...offrent de tels espoirs.... Plus personne ne mourra de faim !... Ce sera une vraie trainée de poudre salvatrice du monde!... 

D'autre part, Moi... En saisissant les chefs d'état des grandes puissances,... l'Unesco,... le Conseil des Nations Unies et... tous ceux qui sont dignes de la foi humaine... Ils comprendront notre démarche commune et parviendront à sauver notre «planète bleue»,... avant qu'il ne soit trop tard:... Notre action du XXIe siècle continuera celle de votre époque,...  en y apportant la technologie du troisième millénaire... 

Puis Giraudiot prend les mains de Nemo, très digne, et se tournant vers le public, il s'écrie : Cela pourrait commencer par un poëme, une chanson connue.... « Si toutes les filles et tous les gars du monde voulaient se donner la main, ils pourraient faire une ronde tout autour de la mer »... pour réseauter harmonieusement,... chacun complice avec l'autre,... accueillant cette cordée humaine sans jamais en perdre le fil,... chantant toutes et tous en un chœur céleste,... n'éprouvant pas le besoin d'agapes divines pour trouver l'ivresse de la fraternité universelle,... créatrice d'un monde nouveau et meilleur!!!... 

Fin musicale : Némo se réinstalle devant son orgue, jouant cette fois-ci gaiement, des accords de Beethoven ou Bach (Que ma joie demeure)…


 

 

Trekking

Toujours dans le désordre, maintenant, texte n°5

Trekking

 

 

Personnages :

 

Le (a) Touriste : homme ou femme en tenue de montagnard

 

La Yéti : une immortelle

 

La scène représente une grotte. En son centre une sorte de monticule sur lequel un grappin a planté une corde. La corde vibre, puis, on aperçoit une main, puis une autre, un bras, une jambe, enfin apparaît un (e) touriste en tenue de montagne. Épuisée, il (elle) se laisse tomber, examine la corde qu’elle a à sa ceinture, tire dessus, sans effort, la corde apparaît.

 

Touriste - Ça alors ! (Elle se relève, examine le bout de corde s’avance vers l’endroit d’où elle vient et appelle très fort) Oh ! ! Oh !

 

L’écho au lointain : oh ! oh !

 Touriste - Vous êtes là ?

L’écho au lointain : ah ! ah !

(à mi voix) Ben merde alors ! Je suis le(la) seul(e) de ma cordée ! Mais qu’est-ce que je vais devenir ? (il (elle) pleure)

 

Le « monticule » bouge lentement. Une tête apparaît. Une femme s’extirpe de tout un amas de couvertures, elle se lève, lâche le grappin, enroule la corde autour, et arrive auprès du (de la) touriste, qui bondit en arrière, effrayé(e).

 

Touriste – Ah ! (Geste pour se protéger)

 La femme – N’aie pas peur… Je suis très accueillante. Donne-moi la mainlà ! Et ta corde. Faut jamais laisser perdre les outils. semaine de la langue française, théâtre, thélième

La Touriste s’exécute.

 La femme - Merci. (Elle l’embrasse). Tu es la première à pénétrer ici. Tu es française ? (La touriste muette fait oui de la tête) Vive la France !

 Touriste – Vous parlez français ?

 La femme – Oui, et l’anglais, le russe, l’allemand, le chinois, j’me débrouille en hindi, mais j’me mélange un peu avec le japonais, je baragouine le suédois, mais ce que je préfère c’est l’italien. Surtout pour le chant. J’adore chanter… D’ailleurs le poète l’a dit : « le chant est le secret de l’éternité ».

  (Elle chante un air de la Traviata ?)

 Touriste – Comme c’est beau !

 La femme – Et encore, y’a pas les chœurs !

 Touriste – Mais qui êtes-vous ? 

La femme - À ton avis ?

 Touriste – Une exploratrice abandonnée ? 

La femme – J’en ai l’air ?

 Touriste - Non…

 La femme – Alors ?

 Touriste – Euh ! J’m’excuse… Je ne vois pas.

 La femme – Réfléchis ! T’es à 5760 m d’altitude, dans les Himalayas, y’a personne alentour, tu cherches un abri pour la nuit, et t’aperçois une grotte, tu lances ton grappin, et tu me trouves et tu n’as pas une petite idée ?

 Touriste – Euh ! Je… Shiva ?

 La femme - Shiva ! Mais shi va pas !

 Touriste - Vous chantez si harmonieusement 

La femme – Shiva ne chante pas, elle gronde…Moi, je suis la grande Yéti !

 Touriste – LA Yéti ! J’ai toujours entendu dire LE Yéti…

 YÉti – Grossière erreur… Véhiculée par les hommes bien sûr. Ils voient le mâle partout.

 Touriste – Mais je croyais que vous étiez un mythe !

 YÉti – Touriste, va ! Ça veut voir le monde, et ça ne croit même pas ce que les vrais voyageurs ont raconté. D’où tu viens ?

 Touriste – De la vallée. On nous a proposé un trekking, et…

 YÉti – Mais avant la vallée.

 Touriste – De Sainte-Marie.

YÉti - C‘est la mère de Jésus qui t’envoie ?

 Tourste – Non ! Sainte-Marie, c’est le nom d’un village.

 YÉti – Comme Katmandu ?

 Touriste – C’est ça…Mais en plus petit quand même. Ah ! Quand je leur dirai là-bas…

 YÉti – Ils ne te croiront pas… Ils voudront des preuves.

 Touriste – Venez avec moi. C’est au bord de l’Océan, c’est un vrai paradis.

 YÉti – Impossible ! Je ne sors d’ici que quand j’ai faim.

 Touriste – Mais vous vivez de quoi ?

 YÉti – Je mets des pièges pour le gibier, en été j’ai les baies dans la nature, et je trouve le reste, dans les sacs des voyageurs, les sherpas me les laissent.

 Touriste – Vous voulez dire que tous ces sacs, soi-disant tombés dans les crevasses, sont pour vous ?… Les sherpas sont vos complices.

 YÉti – Ce sont des amis. Mais toi, petit(e) français(e), qu’est-ce que tu apportes avec toi.

(Elle s’empare du sac et commence à énumérer ce qu’elle en sort) La couverture de survie, le quart pour faire fondre la neige, des fruits secs, des biscuits, du fromage fondu. Pas de quoi faire des agapes ! (Elle sort un i-phone).

 Touriste – Ça ne se mange pas. C’est un téléphone sans fil. Il peut aussi faire des photos. (Il prend la Yéti en photo, et lui montre).

 YÉti – C’est moi, ça ?

 Touriste – Oui ! Super ! La voilà ma preuve…Je vais l’envoyer au monde entier. Bouge pas. On va réseauter !

 

Noir lent tandis que la Yéti regarde le (la) Touriste manipuler son appareil.