17/03/2011
Faire bouger le monde
Le texte N°6 vous plaît-il ?
Faire bouger le monde
Personnages
Sylvie
Maud
Off Un chanteur à la radio
Deux femmes s’affairent. Sylvie sort des vêtements d’un sac, les examine attentivement, les plie, ou les rejette dans une corbeille.
Maud prépare des tasses à thé (ou à café), sert et en apporte une à Sylvie.
La radio marche et on entend un jeune homme qui déclame du slam :
chanteur à la radio
je ne veux pas aider les gens pour me donner bonne conscience
je ne veux pas aider les gens avec indifférence
je ne veux pas aider les gens, là ou le pétrole coule
et laisser de coté, ceux qui n’ont que de la terre inculte
je ne veux pas prendre de gants pour soulager la misère
je ne veux pas aider les gens pour avoir l’absolution et la considération
je ne veux pas seulement aider les gens
je veux comprendre
je veux comprendre comment on en est arrivé la.
Je veux lutter conte la pauvreté, la misère, la violence,
je veux aider les gens à entrevoir l’espoir,
à voir le soleil au bout du chemin, à se redresser.
Je veux lutter contre la loi du plus fort, du plus beau, du plus riche,
celle qui laisse derrière elle ceux qui ne peuvent pas suivre.
Sylvie – Tu vois, c’est ce que je fais, j’aide les gens. Haïti, Mauritanie, Philippines, je ne sais plus où donner de la tête, je suis épuisée avec toutes ces catastrophes. Heureusement que le soir, je rentre chez moi et que je prends un bon bain chaud. Les Philippines, ça a duré quinze jours, j’ai trié des couvertures au secours catholique, j’ai donné un coup de main au Lyons club, j’ai aidé à faire des quêtes dans les super marchés, et ..
Maud – et après ?
Sylvie – et après, on est passé au glissement de terrain au Mexique
Maud – et les Philippins ?
Sylvie - Je ne sais pas, le problème doit être réglé, on n’en parle plus à la télé, je suppose qu’ils vont mieux, on n’en a plus de nouvelles.
Maud –Tu vois, il a raison à la radio. Une journée à la Une et après, plus rien. Les gens meurent dans l’indifférence générale
Sylvie – ce n’est pas vrai, on fait plein de choses pour les aider, on donne de l’argent, on envoie de la nourriture, oh ! bien sur, il n’y a pas de quoi faire des agapes, mais ça permet d’attendre des jours meilleurs
Maud – Mais, est-ce que tu regardes ce qui est fait avec l’argent
Sylvie – Je ne peux pas tout faire, à chacun son rôle dans la cordée, moi je donne, c’est déjà pas si mal, et d’autres distribuent.
On entend à nouveau la radio
Je suis un soldat et tous les jours je tue dans la jungle de Colombie
J’extrais de l’or dans une mine du Pérou
Je suis jetée à la rue pour être née fille en Chine
Je vole, je mendie dans les bidonvilles de Calcutta
J’ai déjà vécu des millions de vie d’adultes
et pourtant je ne suis qu’un enfant
Sylvie– Tiens, ça m’y fait penser, tous les mois, j’envoie de l’argent à une association pour parrainer un enfant.
Maud - tu connais l’enfant. ?
Sylvie – oui, l’association nous envoie des photos, l’argent permet de sortir l’enfant de la malnutrition et permet de lui créer des lieux accueillants pour le scolariser.
Maud – Tu n’as pas peur d’être complice d’un système qui les sauve juste de la mort mais les maintient dans la pauvreté ?
Sylvie – Il faut bien commencer par quelque chose, si on s’y met tous en chœur, on arrivera à faire bouger le monde et à faire reculer la misère, du moins je le crois. D’ailleurs, j’ai déjà fait des émules, je réseaute sur internet et j’ai convaincu plusieurs personnes à me suivre. Ca te dit ?
Maud - Oui, pourquoi pas ? (Elle commence à aider Sylvie).Donne-moi l’adresse et le téléphone, je leur passerai un coup de fil pour me renseigner.
Sylvie – tu verras, on se sent bien d’aider les gens et surtout les enfants. Tu te sens moins inutile et comme on dit dans la chanson des restos du cœur, « c’est pas vraiment ma faute, si il y en a qui ont faim, mais ça le deviendrait si on n’y change rien »
On entend la radio
Je ne suis qu’un enfant
Je veux grandir harmonieusement
Je veux jouer, rire et apprendre
Apprendre la paix
Je ne suis qu’un enfant aujourd’hui
Mais demain
C’est moi qui ferai le monde.
Noir lent sur les deux amies qui travaillent.
15:57 Publié dans Concours, Culture, Langue, Politique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : semaine de la langue française, théâtre, thélième
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