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04/11/2009

Sacrée soirée !

 

 

Saveurs et Dérapages ? Ce fut une grande première !

Et nos amateurs, pour leur coup d’essai, comme disait le père Corneille, ont réussi « un coup de maître. »

Ils ont d’abord modifié la salle d’Antioche par une scénographie conviviale.

Tables habillées d’un rouge brun par Danielle S., fleuries et décorées par Chantal, Alice et Anaël, coulisses structurées qui dissimulaient costumes et accessoires, projecteurs installés par Gérard, Pierre et Jacques, cernant un espace scénique au niveau des spectateurs : tout concourait à entourer les  intervenants d’une amicale atmosphère.

Près de la porte d’entrée, deux portants formaient un vestiaire où déposer les cirés et imperméables nécessaires par ce temps de tempête. Et juste en face, le buffet !

Ah ! Le buffet… Quelle heureuse surprise ! Carole et William Donny* avaient préparé de succulentes assiettes «  bio ! ». Assiette salée, assiette sucrée… Les dîneurs se sont félicités du choix. Et le petit vin rouge a enchanté les cœurs. C'étaient les "saveurs".

Mais les spectateurs étaient d’abord venus pour voir et entendre, par ordre d’entrée en scène, Julien et Wanda, Pauline et Danielle, Anaël, Isabelle, Alice et Chantal, Jacqueline, Gérard, Guy, et Christine,  accompagnés, à la flûte traversière par la musique de Carole, leurs amis, leurs concitoyens devenus "jeunes auteurs",  puis comédiens tout frais émoulus du conservatoire municipal maritais…

Vous ne saviez pas qu’il y avait un conservatoire d’art dramatique à Sainte-Marie ?

Eux non plus… Jusqu’à ces derniers temps.

Photo414.jpgRésultat ? Un feu d’artifices de trouvailles, des scènes inventives, des découvertes à chaque instant : une sacrée soirée dont ils sont tous sortis, ragaillardis. C'étaient des "dérapages", très contrôlés.

Car comme dirait Paulette (notre personnage fétiche) : « On n’arrête pas le progrès ! », ce à quoi Roger, le patron du bistrot (autre personnage très apprécié) lui répond, invariablement  : « Tant qu’on a la santé ! »

Et la santé, ils l’avaient, tous !

Et la bonne humeur, contagieuse, s’est répandue dès la première saynète !

C’est quand même mieux que la grippe A, H, N, ou X, Y !

Pas besoin d’être vacciné.

Encore un bon point pour Thélième…

Au moins, notre association ne creusera pas le trou de la sécu…

 

 

 photo : Marina Rinaldi

 

*william.donny@wanadoo.fr

 

19/03/2009

Résultats du concours (4)

Le deuxième prix du concours de la semaine de la langue française est attribué à Isabelle Ronté. Son texte est de tonalité tragique, mais il possède une grande force dramatique. Dans les propos échangés par deux personnages, simplement désignés par des lettres A et B (comme chez Beckett), toute l'injustice du monde est dite. Ce beau texte, très émouvant, a été retenu par le jury qui s'est montré très sensible aux idées généreuses que l'auteur exprime et à la musicalité du dialogue.

Transcender la mort

Dans une chambre d’hôpital, un enfant endormi dans un lit, il s’appelle Younes, deux soignants parlent près de lui.

A - Salut l’artiste, toujours fidèle au poste ?

B - Et oui, et toi t’as repris du service ?

A - Je remplace Manu, son gamin est malade. Alors toujours en train de
rimer la vie ?

B - Plus que jamais, devant ce gosse, la poésie me permet de voir, de
ressentir la beauté de la vie et même de la mort

A - Oui, moi j’ai un appareil numérique, la beauté de la vie, je te la
transforme en format 10x15, la beauté de la mort, tu m’excuseras,
mais la mort c’est le néant et mon sony ne photographie pas le
vide.

B - Mais la poésie, c’est aussi la musique, la musique des rimes.

A - Je peux te mettre un fond sonore si tu veux ?

musique de rap en sourdine

B - C’et quand même émouvant d’entendre un beau texte.

A - Ah oui...

B - Ecoute ! (Il chante sur un rythme de rap)
L’enfant regardait son ailleurs
Dans son regard nulle frayeur
Que pouvait-il ici bas désirer
Pas d’immortalité
Pour son corps en souffrance
Pas de clic sur le bouton chance

A - Ouais, ce gosse y va crever, Vu que personne n’est capable de
mettre deux génomes bout à bout pour le réparer, ce n’est pas la
peine de faire de belles phrases pour le dire.

B - Alors toi, tu vas dire, Younes est mort ce matin tout seul sur son lit
d’hôpital entouré de perfusion.
C’est une vision d’horreur.

A - Oui mais c’est la vérité toute crue. tu préfères que je te la joue
comme ça :
(chanté sur le rythme de rap)
Younes est mort ce matin
Il avait l’avenir dans ses mains
L’humanité n’a pas voulu de lui
Il nous quitte aujourd’hui
Son seul tort
Etre atteint d’une maladie non rentable
Pour l’industrie pharmaceutique
Il était né sur le mauvais continent
Il mourra sur le bon
Ses parents en camp de rétention
Pour avoir cru en un meilleur
Pour avoir cru à l’universalité du monde
Il n’y a d’universel que le capitalisme
Les frontières ne sont là que pour ceux qui souffrent
Tu vois ici même dans notre petit coin de terre
On met un péage pour protéger notre avenir
N’y a-t-il pas d’autres moyens pour vivre en harmonie
Que de se barricader et d’exclure nos semblables
On se donne bonne conscience, c’est pour la planète.

B - Tu vois, c’est quand même plus joli quand il y a de la musique dans les mots. Moi avec la poésie, je transcende la mort pour en faire
ressortir la beauté.
Son rire illumine le clair de terre
Virevoltant comme une phalène
Younes a vaincu l’enfer
Sa vie est désormais pérenne.

A - Clair de terre, vers de terre, c’est plutôt avec ceux-là qu’il va bientôt
pouvoir jouer.

B - Toi décidément, la beauté t’as du mal à capter.

A - Moi, mes capteurs sont plus réalistes, si t’as pas eu la chance
d’être compatible avec ta vie, ben tu crèves et c’est tout, que tu le
veuilles ou pas.

B - La poésie me permet justement d’aimer la vie, même si la mort est
au bout, justement parce que la mort est au bout.
La poésie me permet de rire de la mort et de pleurer de bonheur, la
poésie c’est la vie.

A - Oui, ta poésie, c’est une couverture dont tu entoures les mots pour
qu’ils disent en douceur l’horreur de cette fin. Toi ta patrie c’est la
poésie, moi j’ai choisi une fois pour toute la mienne.

B - Ah oui, laquelle ?

A - Ma patrie … c’est l’humanité*.

B - Et pour Younes, maintenant, sa patrie c’est l’éternité.



* Comme le souhaitait Victor Hugo, dans Le Rhin : "avoir pour nation, le monde, et pour patrie, l'humanité".