05/07/2008
Enrichir ses connaissances
Texte de Danielle sous forme de saynète.
Enrichir ses connaissances
PETIT PAUL feuillette un magazine, le père lit le journal. On entend off remuer des casseroles.
PETIT PAUL – Papa, comment ça s’écrit « beaucoup » ?
PERE – B. E. A. U. C. O. U. P ?
PETIT PAUL – Y’a pas de s ?
PERE – Jamais, c’est un adverbe, et un adverbe c’est toujours INVARIABLE.
PETIT PAUL – Ben là, ils ont mis un S ?
PERE – Où ça ?
PETIT PAUL – Dans Le Fil de Ré, là, sur le plan de Sainte-Marie…Rue des Beaucoups, avec un s…
PERE – Ça doit être une erreur… Demande à ta mère…
PETIT PAUL allant vers la cuisine- Maman, pourquoi y a un s à la rue des Beaucoups ?
MERE off – Ben, si c’est des beaux coups, y a forcément plusieurs coups, donc S.
PETIT PAUL revenant– Maman elle a dit que y avait un S !
PERE – Oui mais là, c’est pas « des beaux coups » en deux mots, c’est « beaucoup » en un seul mot et avec un S.
MERE paraissant sur le seuil de la porte – D’habitude, tu dis plutôt : « des bons coups », pas des « beaux ».
PERE – Moi ? Mais j’ai pas dit « des bons coups », j’ai des « des beaux coups ».
MERE – Ah ! Parce que tes « Belles », c’est pas des « bons coups » ?
PERE – Minouche, je t’ai déjà dit que c’étaient des Amourettes !
MERE - Et ta grande Paillarde ? et tes deux Parées comme des arbres de Noël ?
PERE – Mais qu’est-ce que tu vas t’imaginer ? Qu’est-ce que tu racontes ? Et devant le gosse !
MERE – Toi et tes potes, on vous appelait pas les « Francs-tireurs » ?
PERE – C’était dans le temps, quand je ne te connaissais pas…
MERE – Alors pourquoi ton gosse demande si t’as eu des bons coups ?
PERE – Mais non, il n’a jamais dit ça ! Il se renseigne simplement sur les noms des rues…Hein, Petit Paul…
MERE – Mon œil ! il a dû t’entendre dire…
PERE – Jamais ! Je te jure ! Hein, Petit Paul ? (Petit Paul ne répond pas, occupé à lire) (à la mère) Il regarde les noms des rues et…(à Paul) Dis quelque chose, Paul !
PETIT PAUL – Ben oui ! Y’en a des drôles à Sainte-Marie, y en a même qui chient rond.
MERE et PERE – Quoi !
PETIT PAUL riant. - Ils chieront, vous chierez, tu chieras…
MERE - Mais tu entends comment il parle !
PERE – Mal poli !
MERE – Va dans ta chambre et conjugue moi « être poli », au présent et au futur…
PETIT PAUL –Mais maman ! Je te jure rue des Chirons, c'est marqué dans le Fil de Ré.
PERE – Fais ce que ta mère te dit…
Paul sort en maugréant.
PETIT PAUL –C’est pas juste ! C’est toujours moi qui prends ! J’en ai marre !
Le Père enlace la mère.
PERE – Chérie…
MERE au Père – Ne crois pas t’en tirer à si bon compte.
PERE – Chérie, tu sais bien qu’il n’y a que toi que j’aime. Il l’embrasse.
Le fils reparaissant
PETIT PAUL en aparté et au public – Dans cinq minutes, ils vont faire Chantecorps, et ils seront au Paradis. (Un temps) Au fait, vous savez où on habite ? Vous avez deviné ?... Rue du Coin jaloux, bien sûr.
17:30 Publié dans Concours, Culture, Langue, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Concours, Culture, langue, littérature, éducation, théâtre
04/07/2008
Le grand jaloux
Voici le texte de Dominique avec ses recherches sémantiques...
Couché à même le sol rugueux dans une parée
Là où seules quelques amourettes poussaient encore,
Il attend impatiemment sur les terres de Chantecorps
La fin de cette nuit si chaude annonçant une belle journée.
Furieux et blessé comme déjà la veille,
Quand il les avait surpris tendrement enlacés,
Une unique pensée le tient aujourd’hui en éveil,
Tuer ce franc-tireur et sa belle…
Il les avait épiés, caché derrière les chirons
Jusqu’à la nuit tombée… Au soir, il prit sa décision :
Leur tendre un traquenard : c’était son obsession !
Il les attirerait vers le paradis tout près des navires et des pontons
Son cœur s’était brisé en découvrant les deux amants
Roulés dans les paillardes, se regardant amoureusement.
Elle était son coin jaloux, sa muse de la rue des Beaucoups
Alors, il visa, et tira, par deux fois…
Et le rouge éclaboussa les belles de-ci, delà…
Une parée: une étendue de terre entre deux sillons, ou deux rangs de vigne.
Amourettes: herbes sauvages.
Chantecorps: lieudit de La Noue, « champ de corps », fief du prieuré de Sainte-Marie, jusqu’en 1790.
Les chirons : habituellement morceaux de granit dans du calcaire, mais à Sainte-Marie, semble désigner de simples buttes de terre.
Le paradis : endroit du port où les bateaux sont en sûreté, à l’abri du vent. Jusqu’en 1745, Montamer était un aber et le flux pénétrait dans le village de La Noue jusqu’à l’ancienne école.
Les paillardes : endroits où la paille est répandue (sens général de l’ancien français).
Le coin jaloux: sa propriété.
Et les belles ? des fleurs, appelées "belles de jour" si elles fleurissent le jour, « belles de nuit », si elles s’ouvrent à la nuit tombante.
Mais on ne sait toujours pas pourquoi « beaucoups » ?
22:05 Publié dans Concours, Culture, Langue, Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Culture, histoire, langue, poésie
30/06/2008
Drôle de promenade !
Et voici notre troisième texte, un improbable iténairaire, gai comme une comptine. Il est signé Isabelle...
Va garer ta guimbarde
Venelle de la Paillarde
Nous allons faire la fête
Rue des Amourettes
Luis, le bel andalou
Rue du Coin Jaloux
Jouera de son clairon
Rue des Chirons
Amène tout tes amis
Rue du Paradis
Les feux multicolores
Rue Chantecorps
Illumineront le ciel
Rue des Belles
Ca va chavirer
Rue des Parées
Mais restons vent debout
Rue des Beaucoups
Ce soir c’est le bonheur
Rue des Francs-Tireurs
A dire ou à chanter en choeur....
14:25 Publié dans Culture, Histoire, Langue, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Culture, Histoire, Poésie, Littérature, Théâtre